Retraites à 60 ans? Non merci!

Spectacle

La nouvelle reforme des retraites tentée actuellement par le gouvernement, se retrouve être une des réformes les plus contestées de ces 20 dernières années. S’y trouve opposé un large front, de la gauche libérale en passant par les partis réformistes et syndicats co-gestionnaires jusqu’aux révolutionnaires, un front si large nous apporte nécessairement, entre autres, le spectacle d’un conflit parlementaire d’envergure.

Ce conflit donne lieu à un spectacle ridicule, entre envolées lyriques et insultes voilées mais toujours très mesurées (républicaines). Les Insoumis cachant derrière l’outrance une fausse radicalité travaillée. La direction de la CGT elle, voudrait débattre ; préalable sûrement à la future négociation qu’elle fera sur le dos du mouvement, elle reste dans son rôle, celle de co-gestionnaire de l’enfer salarié.

Ce spectacle ne fera que pointer à toutes celles et ceux , qui déjà rejetait le jeu parlementaire ou qui n’y voyait qu’un intérêt très limité, la dépossession politique qui est la leur. L’impossibilité, malgré des millions de personnes dans les rues, d’une prise de pouvoir réelle sur le monde qui nous entoure, cadenassé par l’état, le capitalisme et la sociale démocratie.

Assemblées

Autre composante du mouvement les assemblées autonomes ou se réunissent bien des gens, étudiants ou travailleurs et qui ont majoritairement pour souhait un mouvement plus intense et qui dépasse les cadres légalistes.
Bien loin de la mollesse intersyndicale ces AG , par leur dynamisme et leur organisation horizontale semblent être les seuls bastions subversifs de ce mouvement. Elle sont la résultante d’un mouvement réel attaché à lutter bien au delà de la réforme des retraites.

Dans ces AG pourtant, comme dans le reste du mouvement un terme revient souvent, celui de la massification. Le mouvement le nécessiterait, il nous faudrait y tendre. Un chiffre est pourtant clair et répété à foison : 93% des actifs serait contre la réforme. Le travail de ces assemblées est-il d’augmenter ce pourcentage ?
La massification n’est elle pas qu’une chimère paralysante répétée en boucle, par les tenants du mouvement qui ne recherche qu’un simple retrait ou une négociation du moins pire? Cette massification n’est pas une chimère paralysante dans la possibilité de futures actions mais bien paralysante de l’horizon politique désirable qu’elle empêche et dilue.

Horizon politique désirable

La CGT et SUD nous parle d’une retraite à 60 ans mais elle ne sont pas seule, l’UCL est de la partie.
Ils nous parlent de la stratégie de la petite victoire, devant nous permettre d’ouvrir dans les esprits l’horizon des luttes. Mais avec l’état actuel du combat syndical et le peu d’engouement à la grève, est ce seulement une stratégie valable ? Un horizon politique plus large ne motiverai t’il pas plus?
Nos réalités face au travail sont aujourd’hui si éclatées que refuser d’agir globalement sur le monde qui nous entoure, nous enferme dans une opposition stérile et dans des luttes syndicales corporatistes en échec face à ces nouvelles réalités. Quand le mouvement ouvrier à pu offrir une vision du monde globale, un modèle de société viable, désirable. C’est le seul moment ou il a pu attirer les gens vers lui.

La revendication d’une retraite à 60 ans n’est pas désirable, on larbinera certes deux ans de moins, mais on larbinera toujours.

Pour cet optique d’horizon désirable, pour des objectifs motivants et avec une prise palpable sur la vie de tout les jours. Il nous faut prendre l’exemple des gilets jaunes. Mouvements initié par un rejet de l’augmentation des prix du carburant, objectif limité sommes toutes. Celui ci déborde rapidement sur la question de la vie quotidienne et de l’augmentation globale des prix. Mais aussi sur la question de l’organisation politique et sociale, avec l’anti-bureaucratisme qui émerge du mouvement, celui-ci s’exprimant par l’ostracisation des chefs autoproclamés. Tout cela avec une organisation en assemblée qui leur semblait couler de source. La revendication, certes très questionnable du RIC, démontre également cette volonté que ce mouvement à eu d’agir globalement sur le monde qui l’entoure.

Ce mouvement des retraites nous permet sans difficultés de poser la question centrale du travail salarié. En effet qui, face aux chiffres avancés par les différents camps, ne calcule pas le temps qu’il lui reste à subir, le temps qu’il lui reste à sacrifier pour payer la Mercedes du patron, ou le voilier du proprio.
Souhaitons nous encore sacrifier notre temps pour des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Et quand bien même nos activités ont un rôle éminemment collectif, comme le soin par exemple, combien de temps accepterons nous notre totale dépossession sur ces questions, dans l’intérêt seul de ceux qui recherche le profit.

Le travail salarié nous dépossède de tout, du sens de nos vies, à notre temps en passant par les réels besoins collectifs.

Faire passer la question de la défense des retraites, objectif de composition républicaine, à celle de la destruction du travail salarié, objectif de subversion du système capitaliste paraît être une solution aujourd’hui envisageable et surtout désirable.

 

Comme on dit à Brest :

« Mauvais larbins de tout les pays unissons nous ! ».

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