La gentrification ici et ailleurs

Depuis les années 90 un terme semble incoutournable lorsqu’on aborde la question de l’amménagement des villes : la « gentrification ». Ce terme définit les conséquences des politiques de rénovations urbaines.

 

Depuis les années 90 un terme semble incoutournable lorsqu’on aborde la question de l’amménagement des villes : la «gentrification». Ce terme définit les conséquences des politiques de rénovations urbaines.
La rénovation des centres villes est, depuis les années 80, un enjeu majeur de la politique de la ville. En effet, l’idée est pour nos édiles (maires, conseillers municipaux …) de rénover les centres villes vétustes et de les «valoriser» par la même occasion. En gros prenez un centre ville ou le bâtit décrêpit ne permet pas d’augmenter les loyers et et vous avez un centre ville de bas standing. Rénovez maintenant des logements datants parfois de l’après guerre et vous pourrez augmenter vos loyers, ainsi vous aurez des locataires plus fortunés, un centre ville de plus haut standing et donc la possibilité d’adapter les commerces et le coût de la vie dans le centre à une population (clientèle) plus aisée. C’est cela la gentrification, la transformation des centres villes qui a pour conséquence d’exclure ceux qui n’auront pas les moyens de vivre dans ce centre rénové et embourgeoisé.
Pourtant quand on regarde dans quel logements certains proprios font vivre leur locataires il y a de quoi rêver de ces centres villes moins énergivores, plus verts et plus agréables à habiter. Mais il ne faut pas s’y tromper dans un monde ou tout se marchande (vaut un prix) ces rénovations ne sont pas faites pour les habitants pauvres des villes. Si ce phénomène n’est nommé gentrification que depuis les années 90 il existe depuis la fin du XIXème ; les boulevards haussmaniens de Paris n’avaient pas été construit pour les ouvriers du vieux Paris qui furent repoussés de l’hyper centre au faubourgs …
Paris d’ailleurs est bien le modèle de la ville rénovée ou les cadres vivent dans des quatiers pittoresques au milieux d’un centre ville transformé en galerie marchande géante ou flannent les commercants petits et grands et les cadres supérieurs. Pendant que ceux qui n’ont plus les moyens de se loger dans le centre (travailleurs au SMIC, petits salaires, précaires, chomeurs, familles nombreuses etc) vont habiter toujours plus loin des centres, tout en devant venir souvent y travailler. Et le comble est que ce qu’ils retrouvent en banlieu se sont des logements encore vétustes et toujours un loyer à payer … Ca valait bien la peine de voter pour le grand projet «Nouveau centre ville 20**» !
Cette gentrification se développe également du fait de considérations économiques ainsi la position géogaphique d’une ville par rapport aux grands axes d’échanges ou au coeurs économiques, étatiques d’un pays peut soit accélérer soit ralentir ce phénomène. Il convient alors pour les maires et leurs élus de durement batailler pour être reconnu comme une place attractive. Pour cela il faut développer des bassins d’emploi propre à attirer des cadres, et des investissements de prestiges pour gagner en «attractivité’’ ; capacité à transformer son centre en un enroit chic ; économiquement attractif …Autement dit pas pour les pauvres qui habitent encore les centres villes. A titre d’exemple de cette «compétition» ou plutôt de cet enjeu on peut citer le classement que fait Forbes annuellement des villes les plus «attracive», et ou Brest est arrivée en 2020 à la première place. Cela permet à cette petite ville d’attirer le premier janvier 2023 une société américaine du numérique, Accenture. La ville d’ailleurs ne cache pas ses ambitions avec la rénovation des bords de la Penfeld, avec l’ouvture du centre culturel des Capucins qui acceuil maintenant tout les forums sur le «développement» économique.

Si nous ne voulons pas nier que cette rénovation du bâtit est nécessaire nous ne pouvons que constater que dans une société capitaliste elle n’est pas faite pour la qualité de vie des habitants mais pour dégager une marge plus importante pour les propriétaires. Et on les entends déjà ceux qui nous diront «Oui mais le proprio il le rénove, ca lui coute, il doit se rembourser gna gna gna» … Déjà les politiques de gentrification se font à l’initiative de nombreux acteurs : entreprises de BTP, propriétaires et mairie (relais de l’état) et ne vous inquiétez pas, souvent l’Etat finance à grand coût d’aides les rénovations des propriétaires… Quand au promoteurs et bien se sont les spéculateurs en chef de l’immobillier ils construisent puis revendent des logements qui ne seront plus habitables même par ceux qui, travaillant dans le batiment, oeuvrent souvent sur les chantiers de rénovation. Bref le casse du siècle, soutenu avec enthousiasme par l’état et ses administrations locales. Quand au priopriétaire qui souvent a touché des aides de l’Etat pour sa rénovation, il continuera à se gaver en augmentant grassement le loyer !
En parallèle de cette exclusion des plus précaires des centres villes il faut ajouter que la gentrification se produit alors que la tendance depuis les années 70 est à la concentration par la métropole (la ville monde littéralement) des services et activités sociales : santé, éducation, loisir, travail… Exclure les plus précaires des centres villes a donc pour conséquence de condamner un nombre conséquent d’entre eux à vivre éloignés de services essentiels et donc à perdre leur temps (comme si le travail ne suffisait pas à perdre son temps dans les transports en commun interminables (cf : le métro à Paris). Hors du centre : c’est l’espace des zones industrielles, des quartiers enclavés et bien sur de cette campagne monotone vidée de tout qui s’étend à perte de vue. Sous le capitalisme on rationnalise et on concentre dans des zones spécialisées les acivités et qu’importe la stratification absurde des espaces que cela engendre.

Cette tendance à l’augmentation des loyers dans les centres villes se renforcent et se combine avec des phénomènes nouveaux et opportunistes. La mode des Airbnb, par exemple, qui permet aux proprios de louer cher et sans même s’emmerder avec un locataire à l’année. Ainsi les cadres et les patrons auront ils de temps à autres pour voisin un salarié ou un précaire qui aura économisé pour un séjour dans un Aibnb qu’il rêverait être son appart à l’année … Et qui lui permet un temps de vivre dans un hyper-centre.

Il faut ici tirer deux constats : la gentrification n’est pas à notre avantage et son degrés d’avancement est variable selon les quartiers et les villes. Qu’en est il alors de Brest ? Et bien elle ne fait pas exception à la norme. Avec plus de 32 % d’augmentation des loyers en 5 ans la Métropole Océane prend enfin en marche le train de la gentrification. Avec le départ de l’armée, la Penfeld se dégage ; enfin l’espace rêvé pour élargir Siam et avoir sa Riviera ! En parallèle ne reste qu’à gentrifier le pourtour, de saint marc à Recouvrance, de saint martin à Europe.
Bientôt à Brest comme ailleurs nous vivrons éloigné de nos lieux de travail et de vie. Il existe donc un fossé entre les locataires et les bailleurs. En effet cette question de la genrification est lié, ne nous y trompons pas, à celle de la propriété privée du logement. Car oui si les loyers peuvent augmenter c’est bien que quelqu’un nous les réclame ! Si l’acquisition de la propriété d’usage (un logement ou on vit) est de plus en plus dur, c’est bien parce que certains les vendent en les quitant ou les accumulent, les achètent pour ensuite les revendre. Bref c’est ce système d’échange et d’accumulation que nous devons critiquer en même temps que la gentrification : la gestion capitaliste et marchande du logement.
Mais avant d’en arriver à l’abolition du marché de l’immobilier et des profiteurs qui en vivent et s’en gavent il faut pouvoir lutter contre leur politique de la ville. Pour cela il nous faut nous retrouver et prendre conscience de nos interêts communs, pour cela, dans un monde atomisé (c’est à dire qu’on ne connait guère nos voisins) il faut ouvrir des espaces de rencontres. Les repas collectifs, mutuelles d’entraides, sont autant de prétextes à se tenir au courant de nos situations et à faire connaissance.
De la naitront les moyens de notre résistance à la gentrification de Brest et d’ailleurs, la solidarité en cas de coup dur et le recours collectif (empêcher une expulsion par exemple, exiger une baisse de loyer, ou cesser de le payer) semble pour nous un préalable à ce combat pour reprendre le pouvoir sur la ville et les centres dont nous avons été exclus. L’abolition de la propriété privée du logement et de sa marchandisation sera un cap, certes qu’il sera dur d’atteindre mais qui donnera la force de resister à l’offensive des promoteurs du centre ville de haut standing et bientôt, espérons, de passer à l’offensive !

Enfin pour couper court à une critique que nous craignons, nous ne sommes pas nostalgiques des logements vétustes, amoureux de la moisissures ou du «charme pitoresque» des vieux centres … Mais si nous voulons voir nos centres rénovés c’est pour et par nous ! Sans patrons de BTP imposant des chantiers avec effectifs réduits et cadences doubles, ni pour voir nos loyers grimper, ni pour remplacer une population par une bourgeoisie bon ton ! Ca sera pour nos conditions de vie et ca sera … Gratuit !
Parce que nous sommes une écrasante majorité d’habitants et qu’ils sont une poigné de vautours : Reprenons le pouvoir !

A bas la propriété privé et l’accumulation! Tout pouvoir à la base !

 

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