Tous les articles par nope

Un pavé dans la mare antifaciste

Le recul des luttes collectives et le repli identitaire, imputables au capitalisme, participent à l’essor du nationalisme et du fascisme. Toutefois, une autre menace que notre camp politique refuse de considérer comme telle, voit également son essor : le religionnisme.

 

La lutte antifasciste ne semble pas vouloir combattre le fascisme sous toutes ses formes, notamment celle de l’islamisme [1]. En effet, la volonté de l’Etat de dissoudre l’association humanitaire BarakaCity qui vient en aide aux musulmans persécutés dans le monde entier, comme les Rohingyas en Birmanie ou encore les Ouïghours en Chine, a été contesté par des groupes antifascistes comme l’Action Antifasciste Paris-Banlieue ou l’Action Antifasciste Nantes et plus récemment le GALE. Or, dans ce cas précis, l’association est dirigée par un salafiste notoire, Idriss Sihamedi, qui ne cache pas ses opinions, si tant est que l’on puisse tolérer dans notre camp politique d’appeler ça une opinion. A titre d’exemple, celui-ci a affirmé que la pandémie était une bénédiction car elle lui permettait de refuser de serrer la main des femmes au travail [2]. Il a également assuré son soutien aux talibans après la conquête militaire de l’Afghanistan par ces derniers [3]. Bien évidemment, il ne cache pas non plus son antisémitisme [4]. Aussi, sa demande d’asile politique à la Turquie n’est pas anodine lorsqu’on sait que le fasciste turc Erdogan soutient militairement Daesh au Nord-Est de la Syrie [5].

S’il peut être affirmé que la menace islamiste est exagérée par les médias, la droite ainsi que l’extrême-droite, il est de bon ton de rappeler qu’une partie non-négligeable des combattants au Moyen-Orient dont notre camp politique se fend d’aller affronter en Syrie, sont originaires ou bien ont grandi en Europe de l’Ouest. Il en va de même de la quasi-intégralité des attentats commis en Europe. Ainsi, il est systématiquement reproché aux camarades qui dénonceraient notre aveuglement face à l’islamisme d’être islamophobe tout en continuant à revendiquer leurs participations à la lutte contre Daesh au Rojava. Nous ne devons pas accéder de telles contradictions au sein de notre camp.

Ceci n’est pas sans rappeler le soutien de l’extrême-gauche à la révolution islamique en Iran durant les années 70 et l’ignorance de l’existence de forces révolutionnaires au Maghreb durant les années 80 qui se sont faites massacrées dans l’indifférence, laissant place aux courants obscurantistes dans les années 90 comme le FIS en Algérie ou les Frères Musulmans en Egypte, dont l’influence n’a fait que s’accroître. En dernière analyse, il est de bon ton de rappeler qu’en 1959, ce sont des ouvriers et des paysans irakiens qui brûlaient des Corans tout en voulant expulser les impérialistes occidentaux de leurs pays [6] [7].

L’islamisme que nous dénonçons n’est en rien une vision rigoriste, radicale ou extrême de l’islam traditionnel. En réalité, l’islamisme est un pur produit de la modernité né en réaction à la crise que nous sommes en train de traverser, de la même façon que lors de l’avancée du capitalisme et de la dépossession de la vie, les identités nationalistes ont pris de l’ampleur. En effet, l’extension du capitalisme et de ses logiques mercantiles à l’ensemble de la planète, la destruction des liens sociaux et du sens que prend toute cette logique productiviste poussent les gens à se retrancher dans des identités religionistes, identités qui étaient pour certaines personnes qui les embrassent complètement inconnues quelques mois voire semaines avant leur « radicalisation ».

Si en Europe, en Afrique du Nord et au Moyen-Orient elle prend la forme de l’islamisme, nous ne sommes pas sans ignorer qu’en Amérique du Sud ou dans certaines parties de l’Afrique ce sont les sectes évangélistes qui assurent ce rôle. Pour permettre à de nombreuses personnes de se rallier à ces projets réactionnaires, ces groupes religionistes organisent la solidarité dans les marges du système capitaliste, remplaçant le rôle de l’Etat, supplétif du Capital [8]. C’est pourquoi la lutte contre le fascisme n’est pas seulement la lutte contre la barbarie (entendu au sens de la formule « Socialisme ou barbarie » de Rosa Luxemburg) mais également la lutte anticapitaliste. Car s’il est bien une raison de la montée de ces fascismes, qu’ils soient occidentaux ou islamistes, c’est l’augmentation de la précarité et le délitement des liens sociaux dans une société mondialisée où chaque individu est en lutte avec son prochain, et ce à toutes les échelles.

Ces œillères concernant l’islamisme ont également pour conséquences de propager un antisémitisme « doux » au sein de notre camp politique. En effet, depuis la seconde Intifada menée par le Hamas et le Jihad islamique, « l’abolition d’Israël » plutôt que la contestation de sa politique d’apartheid en Palestine est devenue une idée courante au sein de l’extrême-gauche alors même que le FPLP avait reconnu l’existence d’Israël depuis 1988 [9]. Ce faisant, la gauche israélienne qui affirmait alors que personne ne voulait détruire Israël s’est fait décrédibiliser par les faits et a observé la dégringolade de son influence face à celle de la droite et de l’extrême-droite israélienne qui ont durci les conditions de vie ainsi que la guerre menée aux Palestiniens [10].

D’autre part, la percée d’opinions controversées au sein du mouvement décolonial par la mouvance indigéniste n’a jamais été critiquée ou bien partiellement, comme par exemple l’homophobie et l’antisémitisme latents ainsi que le soutien au Hezbollah et au Hamas de Houria Bouteldja [11] [12]. En conclusion, par opportunisme, l’extrême-gauche refuse de prendre au sérieux l’islamisme qui partage plein de points communs avec nos ennemis fascistes. Il arrive parfois même que l’on retrouve certains d’entre eux dans les cortèges de la Manif pour tous [13].
Enfin, rappelons qu’en 2005 lors des émeutes, ce sont les imams qui ont appelé au calme tandis que les banlieues s’insurgeaient contre les inégalités toujours plus grandes qui les séparaient du reste des Français. De même, ce sont des salafistes qui souhaiteraient foutre dehors les sans-papiers de la Guillotière [14] … S’il est évident que la lutte contre l’islamisme n’est pas évidente tant l’amalgame entre islamisme et islam est pratiqué régulièrement par les médias, la droite et l’extrême-droite et que leurs réseaux sont bien mieux organisés et soutenus par des puissances étrangères, celle-ci ne doit pas devenir absente de nos luttes.

Notre antifascisme se doit d’être sans compromis.

Télecharger le numéro 0

[1] Nous différencions ici l’islamisme, réinterprétationmoderne et extrémiste de l’islam, de l’islam traditionnel dont les pratiquants font d’ailleurs parti des premières victimes des islamistes au Moyen-Orient contrairement à ce qu’affirme la droite européenne, au point de pousser des Syriens à changer de foi. C’est pourquoi, la dissolution de BarakaCity n’est pas à mettre sur le même plan que celle du CCIF.
[2] Idriss Sihamedi sur Twitter : « C’est la première fois de ma vie que je peux dire à une femme qui veut me serrer la main ‘non’ dans la joie et la bonne humeur. Ça fait bizarre de voir que des choses halal deviennent normales. »
[3] Idriss Sihamedi sur Twitter : «Qu’Allah descende sur le peuple Afghan les plus belles richesses, les plus beaux hôpitaux, plus belles écoles et le plus bel avenir que le pays n’a jamais pu rêver. Amin ya Rabb !»
[4] Toutefois, son antisémitisme est à mettre en regard avec celui de notre société qui n’est pas un parangon de la lutte contre l’antisémitisme, y compris au sein de la gauche et de l’extrême-gauche que l’on peut voir se rallier régulièrement au mot d’ordre de la « destruction d’Israël » (cf. Moishe Postone sur le sionisme et la gauche).
[5] Cependant, nous nous devons de rappeler que des entreprises françaises concourent également à l’armement et à l’équipement des forces fascistes turques ainsi que djihadistes (cf. Lafarge et Thalès).
[6] Bien entendu nous défendons la liberté de croire avant la critique de la religion et a plus forte raison nous combattons l’autodafé qui est une pratique a jeter aux oubliettes. Toutefois, c’est une des formes qu’a pu prendre la lutte contre l’autorité au Moyen-Orient parmi les classes laborieuses.
[7] Adresse aux révolutionnaires d’Algérie et de tous les pays – (sinedjib.com)
[8] Préface de Norbert Trenkle à L’Exhumation des dieux. Islamisme et capitalisme du groupe Krisis (Décembre 2020) - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme (palim-psao.fr)
[9] Le sionisme, l’antisémitisme et la gauche, par Moishe Postone - Critique de la valeur-dissociation. Repenser une théorie critique du capitalisme (palim-psao.fr)
[10] N’oublions pas également qu’Israël n’est pas exempt de racisme à l’intérieur de ses propres frontières, en témoignent le traitement des Juifs et Juives noirs ainsi que les israéliens arabes ou encore le soutien militaire d’Israël à l’Arabie Saoudite qui bombarde en partie des juifs yéménites sans que ça ne pose problème.
[11] Il n’est pas question ici de traiter Houria Bouteldja d’islamiste, toutefois, la percée de ses « opinions » controversées illustre la naïveté, l’ignorance voire le refus d’une partie de notre camp quant au fait de lutter sur tous les fronts sans compromis.
[12] A la Manif pour tous : « C’est bien que vous soyez là, les musulmans. Nous, on est trop gentils » (nouvelobs.com)
[13] Dans les mosquées, les prêches appellent au calme (lemonde.fr)
[14] Lyon, quartier de la Guillotière : les pouvoirs publics en échec face à la nouvelle délinquance (marianne.net)

Désenchantée, désilusion en millieu féministe

De si loin que je me souvienne, j’ai toujours été ambivalente et sceptique sur la question des luttes partielles, notamment sur les formes qu’ont prises les luttes féministes. Entendons-nous bien…Non pas qu’il ne faille pas reconnaître certaines luttes spécifiques ni combattre les oppressions et les rapports de domination qui les sous-tendent. Mais disons plutôt que ces luttes doivent à mon sens nécessairement s’inscrire au sein d’un combat plus global : celui de l’émancipation individuelle et collective de toutes et tous.

Celui de l’émancipation de l’immense majorité des dépossédé.e.s.

Aussi, heureuse , soulagée et exaltée que les milieux dits révolutionnaires s’emparent enfin des questions féministes et du patriarcat, j’ai depuis une vingtaine d’années vagabondé et cherché moi aussi à rencontrer des personnes avec qui parler, penser, partager et nourrir mes réflexions pour lutter et s’organiser collectivement à la base.
Mais la lune de miel ne fut que trop courte et m’a laissé un arrière goût amer toujours vivace aujourd’hui. Les interrogations, les doutes puis l’incompréhension, et enfin la violente déception ont surgi telles des ombres angoissantes surplombant mon cheminement, mes diverses rencontres et de mes tentatives d’organisation collectives.

Très vite, le débat, la conflictualité constructive, structurante d’une pensée commune qui évolue et se partage, sont devenus quasi impossibles.
Toutes formes de critiques, de conflits (pourtant nécessaires) sont devenues des agressions…
Les remarques « bienveillantes » sont devenues des attaques destructrices déguisées…
La confiance en soi s’est étiolée puis abîmée…
L’espoir et la joie ont laissé place aux désillusions et à la tristesse, parfois au sentiment de solitude…

Je me suis sentie parfois confuse et perdue, traversée par un tourbillon d’émotions et de réflexions…

•Désabusée d’avoir été trahie et utilisée à de viles fins politiciennes par des groupes, organisations et-ou collectifs pseudo-révolutionnaires et suffisants, qui ne pensaient finalement qu’à grossir leur rang en érigeant de nouvelles normes aliénantes plutôt que de les subvertir.

• Déconcertée de ne pas m’être rendue compte tout de suite que ma parole ne valait pas autant que mes ressentis, que mon discours construit ne valait pas autant que mon vécu. Que seules mes expériences personnelles me rendaient légitime à parler et à oser contredire mais que mes questions, mes critiques et ma pensée politique n’étaient finalement envisagées que comme le pâle reflet de mon « insuffisante déconstruction ».

•Blasée de la victimisation imposée et du culte de la souffrance, de l’écoute biaisée qui te catalogue en fonction de tes ressentis, de ton vécu et qui te situe par rapport à la « pureté » de tes expressions de langage : la forme plutôt que le fond.

•Déçue, terriblement, de n’avoir compris que trop tard que je n’étais qu’un pion dans la lutte féministe, réduite à une identité parfois fantasmée parfois attaquée ; mais dans tous les cas, traitée comme un objet qu’on utilise à sa guise
Mais aussi que l’autre en tant que personne singulière, en tant que sujet affectif et politique, n’y avait finalement que peu de place.

• Dégoûtée de la logique de l’entre-soi presque sectaire et des identitarismes à peine dissimulés qui te somment de décliner tes diverses identités pour te définir, pour donner du crédit et de la valeur à tes paroles…or il n’y a rien de subversif ou de radical à enfermer les gens dans des cases pour les prendre en compte. Comme si cette logique rigide, réductrice et aliénante pouvait nous faire croire que rien ne nous échappe chez l’autre (l’autre externe et l’autre en nous)…

•Désemparée de ne pas avoir été perçue et considérée en tant que personne capable de penser, d’argumenter, de ne pas suivre bêtement les injonctions normatives inversées du milieu sans réfléchir.

•Anéantie d’avoir été dépossédée de mon statut de sujet singulier et autonome désirant détruire le patriarcat et la société qui le permet. Pour finalement n’être réduite qu’à une identité, un objet parfois fétichisé.

Je peux maintenant affirmer que la sororité n’existe pas : elle est un mythe à détruire !

Les logiques internes des milieux féministes se parent fièrement de cette image fantasmée de la sororité mais produisent néanmoins tout autant de souffrances et de violences tues : notamment à travers les normes et injonctions inversées, la mise sous silence des rapports de dominations et-ou agressions en interne, le culte de la victimisation qui nous enferme dans un rôle attendu, le tabou des positions critiques qui ne sont plus entendues et pensées mais invalidées par le ressenti de l’agression traumatique, brandit tel un étendard aveugle.

La « sororité » est une chimère tapie, drapée de son linceul orné du spectre du narcissisme et de la culture des petites différences. Elle n’est pas signifiante, c’est une promesse non tenable, une illusion portant en son sein des logiques internes hypocrites et réifiantes.
J’ai décidé il y a longtemps de suivre dans la vie ce principe fondamental pour moi du prendre soin. Que ce soit personnellement, politiquement ou professionnellement. Pour moi ces trois aspects de ma vie ne peuvent être dissociés, ils sont profondément interdépendants.
Je suis donc du côté des personnes en souffrance, des personnes discriminées, oppressées, exclues ou bien laissées pour compte dans ce système patriarcal et capitaliste.
Mais je suis aussi une autonome, une communiste et une révolutionnaire, une féministe qui lutte contre le patriarcat et le système capitaliste. Je lutte donc contre tous les rapports sociaux qui les permettent et les font vivre.

Je m’inscris au sein d’un combat pour que nous nous réapproprions à la fois les moyens de production de notre vie matérielle tout autant que ceux de notre vie sociale, en s’engageant dans la radicale transformation de tous les rapports sociaux de cette société marchande qui nous exploite et nous dépossède du pouvoir sur nos vies.

Mais cela veut dire que la lutte féministe doit passer par une lutte pour l’émancipation de toutes et tous au niveau individuel et collectif. Elle doit s’ancrer dans la construction d’une lutte globale pour la mise en place d’une réelle mise en commun par et pour nous-même.

Nous avons donc beaucoup à créer…
Pour une société plus égalitaire, horizontale et non marchande. Pour un féminisme autonome participant à la lutte pour une société de l’émancipation du « genre humain ».

Une société qui nous appartienne.

 

Télecharger le numéro 0

Discussion sur le thème du travail le 8 Avril 2023

La discussion gravitera autours de trois questions :

  • Qu’est ce que la valeur morale du travail ? (Comment se matérialise-t-elle ? Quel impact a-t-elle ?)
  • Le travail se résume-t-il à un cadre capitaliste et au salariat ?
  • Le travail existe-il hors système marchand ?

Qui sommes nous ?

Depuis septembre 2017 nous avons décidé de nous rassembler sous la forme d’un collectif autonome. Celui-ci se base sur l’entraide ainsi que l’autodéfense face à ceux qui nous exploitent et nous dominent tous et toutes.
Pour nous « Autonome » signifie concrétement que nous nous organisons par nous-mêmes, à la base, sans médiation ni représentant-es. Qu’on est les mieux placé-es pour savoir ce qui est bon pour nous !
Le Collectif Entraide-Action de Brest a pour objet à la fois les actions directes collectives de défense et de pression envers les institutions, employeurs, propriétaires, etc… Il s’agit de pouvoir se rencontrer et de ne pas rester isolé face à la précarité qui nous touche toujours plus. Mais il s’agit aussi de trouver des conseils et des possibilités d’action pour nous permettre de renverser le rapport de force ou de débloquer des situations.
Nous vous invitons donc à nous rejoindre pour penser, construire, échanger ensemble des pratiques et des moyens de luttes efficaces, adaptés aux diférentes situations qui peuvent nous toucher tous-tes et chacun-e.
C’est du pouvoir sur nos vies dont il s’agit ! Ce pouvoir, la question est de s’atteler à le reprendre !Dans une société où nous sommes largement dépossédé-es, cela passe par se assembler, s’organiser à la base. Cela passe par l’affirmation et la construction de notre autonomie politique à tous-tes et chacun-e. Cela passe par la lutte !

Pourquoi organisons nous cette discussion ?
Dans une société de plus en plus individualiste, il nous semble urgent d’instaurer ds moments de discutions collectives. Pour échanger sur notre condition d’exploités et élaborer collectivement des sratégies pour mettre à bas ce système. Au-delà des stratégies de lutte nous voudrions aussi discuter de la société que nous essayons de bâtir.

Pourquoi avoir choisi comme thème le travail ?
Dans la société capitaliste dans laquelle nous vivons, le travail occupe une place centrale dans nos vies. Il est à la fois un moyen de subsistance et un marqueur social très important. Dans cette société, travailler signifie être respectable, c’est contribuer au bon fonctionnement de la société. Nous ne sommes pas d’accord avec ses idées et pensons qu’il est temps de redéfinir ce qu’est, et ce quee doit être le travail. C’est pour cela que nous proposons cette discussion.

Pour nous contacter : gastonlacaf-brest chez riseup.net

Prise de parole pour la Coordination Autonome de Brest

(Prise de parole faite en manifestation contre la réforme des retraites)

L’état et les patrons ont encore décidé de frapper un coût par la nouvelle réforme des retraites. Encore une fois ils s’agit de nous faire trimer davantage, d’étendre et d’intensifier notre exploitation.

En parallèle, tout augmente : la bouffe, l’élec et le gaz, les loyers, les transports. Partout, on se fait carotter, toujours au profit des mêmes. Les politiciens et les économistes nous disent que c’est la faute de la guerre en Ukraîne et avant de la pandémie. Nous nous disons que c’est la faute des bourges et de leur système : le capitalisme.

Des bourges qui n’en ont pas grand chose à foutre que des populations se massacrent et se fassent massacrer, qu’on galère de plus en plus à vivre dans des conditions un tant soi peu digne. En effet, cette guerre, comme toutes les autres, elle fait encore une fois le bonheur de certains tandis que d’autres en payent le prix fort!

Cette guerre, elle fait encore une fois le bonheur des états et leur permet d’augmenter leur pouvoir au détriment des populations. Des populations qui ne sont que main d’oeuvre ou soldats pour leur projets impérialistes et nationalistes. Cette guerre elle fait encore le bonheur des marchands d’armes qui font leur profit sur les massacres. Cette guerre elle fait le bonheur des bourges en général qui en profitent pour spéculer et augmenter les prix des produits de base et de l’énergie.

Durant la pandémie aussi, les bourges ont continué à accroître leur pouvoir et à se régaler alors que nous, les dépossédés, on subissait bon gré mal gré la gestion inégalitaire et autoritaire de l’état. Encore une fois ce ne sont pas les bourges qui ont subi le fait de rester chez eux, dans des logements exigus et pourris qu’on paye une blinde. Ce ne sont pas les bourges qui sont allés bosser au risque de dégrader encore plus leur santé. Ce ne sont pas les bourges qui ont fait tourner les hostos, dans des conditions de plus en plus précaires et permis aux gens d’être un tant soi peu soignés…

Et là, on nous dit que l’on doit bosser encore plus longtemps pour celles et ceux qui sont responsables de ces situations, pour celles et ceux qui vivent grâce à nous, celles et ceux qui nous exploitent et jouent avec nos vies ? Et bien qu’ils aillent se faire foutre !

Nous ne voulons pas bosser pour l’état ou les bourges que ce soit jusqu’à 64, 60 ou bien même 20 ans ! Non, nous voulons en finir avec leur système dégueulasse. Nous voulons nous réapproprier notre liberté et les moyens de régler nos vies, nous voulons nous réapproprier le pouvoir. Nous voulons exproprier celles et ceux qui nous exploitent et contrôler nous même ce que l’ont mange, ce que l’on construit, ce que l’on apprend, bref ce que l’on produit.

Nous voulons nous réaliser dans notre activité. Nous ne voulons pas bosser dans des tafs soit vidés de sens par leur but et leur organisation, soit inutile voire néfaste car directement tournés vers le profit et l’existence d’un état parasite. Un état bon qu’à nous contrôler, nous encadrer et nous enrôler pour faire tourner la grande machine de l’exploitation.

Pour arriver à ce but, nous voulons nous organiser au quotidien contre tout ce qui nous dépossède ! Dans le mouvement présent, nous appelons toutes celles et ceux qui, à la différence des partis et des syndicats, ne veulent pas seulement ramasser les miettes que nous concèdent les patrons, à s’organiser de manière autonome.

Organisons-nous à la base, par et pour nous mêmes sur nos lieux de tafs, dans nos quartiers, partout où l’on peut. N’attendons pas les syndicats pour mettre de la thune en commun, s’organiser et pour pouvoir se mettre en grève. Dégageons nous du temps et des espaces pour nous rencontrer. Brisons notre quotidien mortifère fait d’exploitation et de contrainte !

Organisons-nous partout pour notre autonomie, contre l’état et le capital !

Des retraites pour tous et pas de travail du tout !

Autonomie Vaincra ! Tout pouvoir à la base !

La réforme des retraites, la carotte de trop!

Alors que l’État et le capital ont déjà repoussé l’âge de la retraite à 62 ans (2010) et attaqué durement le chômage (Réforme de 2019), le gouvernement Macron s’apprête à reculer la retraite jusqu’à 64 ans cette fois. Cette succession d’attaques sur le peu de liberté que nous lâche l’État et le patronat s’inscrit dans une même logique : nous empêcher de ne pas travailler. Autrement dit, attaquer les moments ou l’on peut survivre sans être directement salarié et exploité.

Les réformes libérales de ces trente dernières années nous rappellent aussi que les miettes que nous offrent le patronat par le biais de l’État ne sont que des soupapes et une variable que les patrons ajustent dès qu’ils peuvent. De plus, en renonçant au caractère révolutionnaire de la lutte, les syndicats ont négocié, péniblement, une exploitation plus légère, des « droits » que l’on doit aujourd’hui s’empresser de sauver pour les derniers CDI de la fonction publique et du privé.

Nous refusons de jouer le jeu du « sera-t-elle à 60 ou 64 ans cette retraite ? » car à dire vrai, nous ne voulons plus travailler pour les bourges, nous ne voulons pas être salarié ni exploité ! La cogestion est une stratégie qui nie la nécessité fondamentale d’un renversement du capital et de son avatar : l’État. Qui plus est, cette stratégie s’avère perdante puisqu’elle dépend du bon vouloir du patronat et de ses représentants.

Nous ne nions pas que nos droits ont été acquis aussi par le biais d’un rapport de force. Mais, ce dont les bourgeois avaient peur c’était de la Révolution. Ainsi, les syndicats et leurs chefs-négociards ont avant tout servi à empêcher la voie révolutionnaire de se développer et d’apparaître comme ce qu’elle est : la seule voie raisonnable ! En effet, l’octroi de droits a toujours une limite : le maintien du monopole de la bourgeoisie sur la politique et l’économie.

À cela il faut ajouter que beaucoup de jeunes travailleurs, chômeurs, sans papiers, qui arrivent au turbin, ne peuvent pas rêver plus qu’un minimum vieillesse … Ou au mieux d’une petite retraite de misère. En tout cas pour celles et ceux qui l’atteignent, car rappelons que les plus pauvres sont exposés à la mort avant d’atteindre la retraite ou immédiatement après elle ! Ce que nous voulons c’est être libre ! Finit les cadences qui épuisent les corps et les esprits, finit le travail au profit des marchands ou de l’État qui nous parasitent !

Toutefois, nous considérons que ce mouvement, comme ceux qui l’ont précédé et viendront après lui, permettront toujours des ouvertures et également de diffuser l’idée révolutionnaire de s’organiser par et pour nous-même dans tout les aspects de la vie. Une vie débarrassée du capital, de la marchandise, de l’État, de ses valets fonctionnaires administratifs, des flics. Et aussi des syndicats/partis qui parlent en notre nom et permettent aux bourges de calmer la grogne dès qu’elle s’attaque à leurs intérêts.

Ce que nous espérons de ce mouvement, c’est qu’il permette enfin d’ouvrir une brèche dans nos quotidiens. Brèche qui ne permettra qu’une intensification du mouvement. Quittons le travail dés le 31, et espérons, ne plus y retourner. Pour cela, il nous faut socialiser la grève, la sortir de la rengaine stérile « grève saute-mouton » et manifestations qui n’inquiètent plus que BFM et le Figaro (et quelques clients de la SNCF qui arrivent à payer les billets à 100 boules). Pour cela, il faut une grève qui dure, une grève dure, mais également une grève qui pointe plus que le problème des retraites. Une grève qui recrée une séparation entre les partisans du capital et ceux qui se refusent à négocier avec lui le poids de l’exploitation.

Cessons de nous lamenter sur les salaires de misère et la retraite retardée (voire avortée) et abolissons enfin la marchandise et le salariat. Nous ne voulons plus être de la main d’œuvre et nous ne voulons plus payer !

En plus , cette réforme s’accompagne d’un hold-up généralisé au profit de la bourgeoisie depuis le COVID : inflation, hausse des loyers, hausse des prix de l’électricité, hausse du prix des denrées alimentaires, hausse des prix de l’essence et des transports en commun. Marre du racket organisé ! Ras le bol de payer ! Et parce que nous savons que les prix ne sont que la matérialisation du pouvoir bourgeois, n’imposons plus des réformes à nos ennemis mais la gratuité ! En abolissant le trio dégueulasse État – marchandise – salariat, c’est la bourgeoisie, son pouvoir et toute cette société de classe pourrie que nous ferons disparaître !

Alors aujourd’hui, partout, il faut mettre de la thune en commun (ex : caisses de grève autonomes) pour se dégager du temps pour construire cette lutte qui vaut la peine d’être menée, et qui dépasse la simple question des retraites. Il faut s’organiser partout dans et hors des mouvements pour construire la riposte et rêver à nouveau d’une Révolution ! Nous ne sommes pas naïfs et savons que ce texte à lui seul ne permettra pas la constitution d’un camp potentiellement révolutionnaire … Mais, nous appelons toutes celles et ceux qui en ont assez de ramasser les miettes, à venir construire une dynamique pour reprendre le pouvoir sur nos vies et se libérer du travail.

Alors finalement si nous voulons voir ce mouvement éclater ce n’est pas pour la retraite à 60 ans mais contre le Capital et le travail pour enfin voir les bourges serrer un peu les fesses avant de disparaître ! Ensemble construisons notre autonomie !

Des retraites pour tous et Pas de Travail du tout !

Autonomie vaincra ! Tout pouvoir à la base et vive la Révolution !

Le Féminisme capitaliste n’existe pas!

Le féminisme représenté en grande majorité au XXIème siècle n’est qu’illusion. L’égalité, la vraie, ne peut exister qu’en dehors du capitalisme, qui ne se sert des femmes que comme des machines à produire toujours plus de mains-d’œuvre, toujours plus de travailleurs. Ce travail reproductif des femmes est instauré par et pour le capital, rentrant en opposition avec l’idée même de féminisme. D’ailleurs, au cours des sociétés pré-capitalistes, l’État n’utilisait les femmes qu’afin de produire toujours plus de soldats, toujours plus de guerriers (notons que dès lors où celles-ci en font moins, le droit à l’avortement est mis en danger).

De même, l’idée d’égalité prônée par le féminisme, ne peut exister dans ce modèle de société. Non, pouvoir aujourd’hui travailler et être une femme millionnaire, ne rend pas la société plus égalitaire. Le féminisme main-stream ne fait que flouter les inégalités de cette société, qui nous appâtent et nous donne l’illusion d’une société qui serait plus égalitaire, puisque qu’une femme, un homosexuel ou un noir peuvent êtres millionnaires. Qu’en est-il des autres ?

Les récupérations de ce mouvement sont de plus en plus nombreuses. Le féminisme-washing (tout comme le green-washing) ne nous pousse qu’à consommer plus. À travers une image, une publicité plus saine, plus égalitaire ils nous incitent un peu plus à consommer, à participer à leur jeu qui ne leur permettent que de se remplir les poches en nous appauvrissant encore et toujours plus. Rappelez-vous que derrière chaque produit que vous achetez se trouve un riche multimillionnaire, qui s’enrichit sur vos mal-êtres en exploitant et en écrasant tous les autres. C’est en s’alliant, toutes et tous ensemble que nous pourrons éteindre ce système.

Nous devons, femmes et hommes, nous émanciper de ces représentations, de ces modèles, de ce que le capital veut que nous soyons : des machines à reproduire des travailleurs pour les uns, des travailleurs et de la chair à canon pour les autres. Cette émancipation ne peut se faire sans les hommes, qui doivent s’émanciper et subvertir ces représentations par et pour eux-mêmes. Puisque le capitalisme ne nous propose que deux modèles d’individus, alors inventons-en des milliers pour les milliers d’individus que nous sommes.

N’oublions jamais que nos droits ne sont qu’un château de carte à l’échelle d’une histoire qui nous a trop souvent oubliées.

Soyons toujours vigilant.e.s.

Battons nous chaque jour pour nos droits, pour nos pouvoirs, pour l’égalité et pour l’autonomie

 

Embrouille à la CAF

Nous sommes le collectif autonome des précaires de Brest, nous nous organisons ensemble afin de lutter contre le capitalisme et les diverses formes de précarité qu’il nous impose.

Début Juin, une personne nous contacte, elle tient à nous alerter quant au fonctionnement déplorable de la CAF (mauvaise prise en charge des dossiers, locaux mal adaptés…) et surtout de leur incroyable capacité à décourager les allocataires par un flicage toujours plus inventif et des dossiers qui trainent.

En effet, depuis de nombreux mois le fils ainsi que la belle-fille de cette personne attendent en vain de recevoir leur prime d’activité… 3000 euros que la CAF leur doit et se permet de refuser de verser. Pourquoi ?

Une nouvelle pièce manque au dossier à chaque fois que les exigeances affichées sont remplies ! Une idée germe alors – face à l’isolement qui offre tout pouvoir aux gestionnaires de misère (pôle emploi, CAF…) – le collectif propose d’accompagner la mère de l’allocataire, qui a une procuration, pour mettre la pression à la CAF.

Le mercredi 19 juin, une vingtaine de personnes se retrouvent donc dans les locaux de la CAF. Deux objectifs : obtenir la prime d’activité du fils et de la belle fille de cette personne, ainsi que pointer les disfonctionnements de la CAF de façon plus générale.

La rencontre se déroule sans accros au départ, puis rapidement le vigile se montre vindicatif, nous ne cédons pas, restont groupés, un responsable vient enfin, nous lui expliquons la situation, il contrecare nos revendications et tente de gagner du temps. Il revient nous voir ensuite, pretextant cette fois que la dérogation n’est pas effective et qu’il faut que l’on revienne plus tard avec les papiers néccessaires, nous refusons de nous plier à ses exigeances, il nous fait à nouveau attendre, revient finalement avec les flics. Ils tentent de nous séparer et de prendre l’identité de la mère de l’allocataire, sans succès, nous repartons tous ensemble sans que la moindre identité n’ait été donné.

Le soir même, à notre grande surprise, nous recevons un appel, le dossier a été réglé après notre intervention. Conclusion : 3000 euros enfin versés ! Et apéro pour tout le monde !

* * *

Cet exemple nous montre que si nous voulons obtenir des gestionnaires de misère ce qu’ils nous doivent, il faut le réclamer tous ensembles ! Il faut que la peur change de camp, reprenons le pouvoir sur nos vies et ne soyons plus impuissants face à notre précarité.

Au delà de ça, si nous voulons nous défendre contre les réformes anti-pauvres et enfin repasser à l’offensive pour inverser le rapport de force face au capitalistes et à l’Etat complice, il faut nous organiser, apprendre à nous connaître et à prendre conscience ensemble de notre force.

Tract Santé Coronavirus

Construisons l’autonomie!

 

Avant le confinement, des feux s’allumaient déjà aux quatre coins du monde. La gestion capitaliste et étatique de la pandémie du Covid-19 n’a fait qu’exacerber nos colères et rendre toujours plus flagrante la dépossession de nos vies.

On nous promet un monde nouveau, mais nous savons parfaitement que nos conditions d’existence ne feront qu’empirer. Rien ne changera fondamentalement. Ce sera le monde d’avant, nous serons toujours sa main d’œuvre, les masques en plus. Nos vies seront toujours plus précaires, le travail et sa marchandise rempliront toujours plus notre quotidien et les flics seront toujours plus puissants. La violence des rapports de domination qui structurent notre vie quotidienne sera toujours plus criante.

Pourtant, la crise a vu éclore et se multiplier de nouvelles manières de résister et de s’organiser par nous-mêmes. Face à l’urgence, les pratiques de solidarité et d’entraide tendent à devenir une commune évidence. Aussi évidente que nous, soignant·e·s comme soigné·e·s, sommes dépossédé·e·s du pouvoir sur notre santé à toutes et tous. Aussi évidente que les hôpitaux ne fonctionneraient que mieux en l’absence de l’appareil bureaucratique et gestionnaire, de la rentabilité et la logique du profit qui les gouverne. Aussi évidente que celles et ceux qui travaillent dans le soin, le social, la grande distribution comme dans d’autres secteurs sont sacrifié·e·s sur l’autel de l’économie et d’une société qui ne nous appartient pas.

Finissons-en avec le capitalisme et l’État. Finissons-en avec les rapports de domination qui nous rendent étranger·ère·s à nos vies.

Organisons-nous!

Multiplions les collectifs, les assemblées et coordinations autonomes!

Construisons l’autonomie et son monde!

Contact: gastonlacaf-brest@riseup.net

 La Grande Bouffe des précaires 01/11/2020

 

Marre te de faire chier le dimanche soir Envie de bouffer comme? un-e lard pour quedale ou juste de discuter et boire un coup ? Passe à la bouffe des précaires le 1er novembre à 19h30 à l’Avenir place Guérin sur Brest !

Comment et pourquoi faire ses bouffes ? Probablement, les bouffes seront organisées la plus part dutemps grâce à de la récup’ de bouffe, des dons, de l’autoréduction.

En tant que collectif autonome de précaires, ce genre de moment et d’initiatives nous paraît important pour plusieurs raisons. Tout d’abord, dans une société de plus en plus atomisée, où l’on est souvent considéré-e comme seul responsable de ses problèmes et de ses conditions de vie, cela permet de se rencontrer, de juste passer un bon moment et de bien bouffer (si les cuistots assurent derrière!). Mais cela permet aussi de discuter de nos emmerdes, voir comment on pourrait s’organiser ensemble pour mieux vivre nos situations individuelles et collectives en tant qu’exploitées et opprimé-es. Ce genre de moment peut aussi être envisagé comme une initiative d’entraide, la bouffe étant lors de ces repas à prix libre (c’est à dire sans prix fixe et gratuite si t’as envie), contrairement au reste du monde marchand où elle est encore payante et chère lorsqu’on a pas les moyens. De même, pour l’organisation de ces moments chacun, chacune peut venir filer un coup de main.

Derrière et en parallèle cette idée de bouffe, il y a aussi l’envie d’alimenter une caisse du collectif des précaires qui est entrain de se mettre en place pour plusieurs raisons. Cette caisse est pour l’instant divisée en deux fonds. L’un qui sert au fonctionnement quotidien du collectif, en gros pour potentiellement imprimer des textes, des affiches, payer des frais de déplacements lors de rencontres ou d’actions à l’extérieur de la ville etc. L’autre fond servirait pour la création d’une sorte de mutuelle d’entraide qui serait utilisée lors de cas de coups durs que l’on peut connaître en tant que précaires. Par exemple, un salaire ou une indemnité qui tardent à tomber, la CAF qui te demande je ne sais pas combien de thunes d’un coup pour une erreur de dossier ou de calcul, une grosse facture imprévue, la bagnole qui lâche, une prune majorée parce que t’as pas payé le tramway, ou tout simplement de manière générale, nos ressources financières déjà limitées qui permettent de moins en moins de vivre un tant soi peu décemment…

Pour autant, nous savons que nous n’allons pas régler les problèmes de tout le monde via ce projet, d’un coup de baguette magique appelée la thune, car nos ressources à ce niveau seront toujours forcément limitées (on n’est pas un collectif de précaires pour rien…). De plus, après avoir expérimenté-es ensemble diverses formes de luttes et d’entraide, nous pensons qu’il faut privilégier et réfléchir à d’autres formes d’organisation collective qui ne passent pas obligatoirement par la mise en commun de thunes. Par exemple, pour nombre de problèmes financiers liés à de l’administratif (CAF, Pole Emploi, les impôts) un bon coup de pression collectif fonctionne souvent et a le mérite d’être gratuit. Le petit bonus étant, parfois, de faire passer un sale quart d’heure à une bande de petits bureaucrates souvent inconscients des réalités sociales qui sont les nôtres tout en donnant potentiellement de la force à d’autres personnes présentes. Cependant, privilégier ces formes d’organisation ne signifie pas que nous voulons nous priver d’en expérimenter d’autres et pour ces raisons nous trouvons pertinent de lancer ce projet de mutuelle d’entraide. Si, déjà, nous pouvons nous entraider entre personnes du collectifs qui galèrent grâce à cette caisse, cela pourra être bénéfique.

Rencontrons-nous, mutualisons, organisons-nous contre ce monde qui nous dépossède de nos vies et nous cantonne à des situations de crevard pendant que d’autres s’empiffrent sur notre dos et vivent la vie de pacha ! Pour l’égalité, pour la liberté, contre la précarité et l’exploitation!

gastonlacaf-brest@riseup.net

 

Réforme de l’assurance chômage, la douille!

https://bourrasque-info.org/local/cache-vignettes/L250xH200/6aca3ed0c8d7cf09c23dc0642b910f-61df1.jpg?1604611769

La réforme de l’assurance chômage, mise en place l’année dernière, est désormais en partie suspendue par le régime car l’épidémie de Covid-19, et surtout sa gestion capitaliste, a précarisé davantage de personnes en France. Pour l’instant, le projet est abandonné mais le pouvoir a déjà décidé de le remettre en application dès avril 2021. Ce projet de réforme avait encore une fois pour objectif de nous faire bosser et de nous contrôler plus tout en nous indemnisant moins. Il s’agit toujours de nous exploiter davantage avec l’aide cordiale de l’administration Pôle emploi, qui confirme encore une fois son rôle de cogestionnaire de misère et de contrôleur de main d’oeuvre à l’échelle nationale.

Pour rappel, voici les pires mesures charitablement suspendues par l’état :

– À propos des conditions pour ouvrir des droits : alors que 4 mois de travail sur 28 suffisaient pour toucher ses allocs, il va falloir dès avril avoir cotisé 6 mois sur 24, ce qui est autrement plus compliqué. La mesure n’a d’ailleurs pas réellement été suspendue pendant la pandémie, elle a été « allégée ». En effet il faut actuellement avoir travaillé 4 mois sur 24 pour toucher ses indemnités, ce qui reste déjà défavorable par rapport à l’ancien système. De plus, au début de la pandémie, la réforme était passée, et de nombreuses personnes qui se sont retrouvées au chômage n’ont donc pas pu bénéficier de l’ancien système ni de sa suspension, ce qui les a encore plus mises en galère…

– Le montant de l’indemnisation sera calculé à partir du revenu moyen mensuel, et non plus en se fondant sur les seuls jours travaillés : encore une technique pour amputer les allocs chômage. En clair, il va falloir faire très attention avant d’accepter un contrat court que Pôle emploi voudra nous imposer (on risque d’y perdre tous nos droits) et leur tenir tête malgré leurs menaces de radiation.

Dans sa grande générosité l’Etat accorde donc un « répit » à des milliers de précaires et de demandeurs-euses d’emploi du fait qu’ils et elles sont touchées le plus sévérement par la pandémie et la baisse de l’activité. Cet état de fait permet de se poser plusieurs questions et met encore une fois en lumière le fonctionnement inégalitaire de cette société pourrie. Tout d’abord, l’Etat montre par cette suspension que son projet avait ouvertement pour objectif de nous précariser et donc de nous exploiter encore plus. Cependant, prenant conscience que l’application de la réforme dans ce contexte pouvait être trop « brutale », il préfère lâcher du leste.

Qu’on ne s’y trompe pas, il ne s’agit pas de charité ou d’un changement d’avis, il s’agit juste d’éviter qu’une colère légitime ne grandisse trop vite et de ménager une main d’oeuvre corvéable et déjà à bout de nerfs. Ensuite, tout cela montre aussi que devant cette pandémie nous ne sommes clairement pas tou-te-s égaux-lles. En effet, la gestion de la crise actuelle, n’est qu’une gestion de comptable lugubre qui vise à préserver le fonctionnement d’une économie basée sur l’exploitation au profit des bourges et au détriment des exploité-es. On le voit bien, quand c’est la merde, qui va bosser ? Qui fait tourner la machine infernale, fait en sorte qu’elle ne s’écroule pas et par là même continue à produire et à acheminer les besoins de base comme la santé, la nourriture, le chauffage, la lumière ? Ce sont les petites mains de divers secteurs que ce soit dans l’alimentaire, l’énergie, les transports, le médical, prouvant par là l’inutilité sociale fondamentale de certaines activités, bonnes qu’à produire de la thune, dans une économie tertiarisée comme celle de la France (assurances, banques, pubs, management, finances, « tafs de bureau »…).

Qui a été et est toujours ultra solicité pour pouvoir assumer la charge hospitalière ? Ce sont des soignant-es sous- payé-es qui dans bien des endroits ont tenté et tentent toujours de s’auto-organiser dans une situation où l’Hopital est laissé à l’abandon par tous les gouvernements successifs depuis des plombes et qui, surprise, est toujours en « restructuration » en pleine pandémie. De même, qui en chie le plus pendant le confinement ? Le cassos au RSA dans son appart pourrav’, le clodo à la rue, le sans papier en galère, ou le bourge dans sa belle maison de campagne ? Qui subit le plus l’augmentation des loyers, de la bouffe ? Qui va encore payer le prix fort pour que les porcs qui nous dirigent et nous exploitent continuent à s’empiffrer ?

Pour nous, précaires, exploité-es, dépossédé-es, il n’y a aucun avenir dans cette société inégalitaire et autoritaire de merde. En tant que collectif autonome de précaires, nous souhaitons nous organiser pour arriver à une réelle émancipation individuelle et collective. Nous voulons le pouvoir sur nos vies et pas passer notre temps à mendier les miettes et à nous faire niquer pour le profit d’autres êtres humains. Nous ne voulons plus être inséré-e-s dans des processus hiérarchiques aliénants que ce soit au niveau du travail ou de tout autre rapport social et politique.

Alors ne restons pas isolé-e-s, rencontrons-nous et organisons-nous contre cette réforme, contre le travail, contre cette société, contre ce monde qui marche à l’envers ! Dès que possible, informons-nous, occupons les lieux qui nous exploitent et nous contrôlent, multiplions les coups de pression et les actions collectives contre chaque personne et organisme qui tentent de nous prendre encore davantage. Entraidons-nous face aux galères, développons de la solidarité face à notre isolement.

Organisons-nous pour l’autonomie, pour une société égalitaire et libre où nous aurions réellement le pouvoir !

Tout pouvoir à la base, partout, tout le temps !

Collectif autonome des précaires de Brest

contact : gastonlacaf-brest@riseup.net}

lieu de rencontre : réunion tous les lundis à 18H à l’Avenir Place Guérin sur Brest