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Le curé Meslier, Maurice Dommanget

Maurice Dommanget, Le curé Meslier: Athée, communiste et révolutionnaire sous Louis XIV, Julliard, 1968, 554 pages. Dispo aux rayons Pensées radicales-Critiques sociales : Les Lumières-Républicanisme radical

Présentation

   Ce bouquin est une biographie doublée d’une présentation et d’une analyse des écrits de Jean Meslier (1664-1729?) écrite par Maurice Dommanget. L’auteur nous présente les idées de ce penseur méconnu, ses sources intellectuelles, politiques et sociales. En outre, il pose également la question de sa place et de son influence dans la philosophie en général, et le mouvement révolutionnaire en particulier, à partir du XVIIIe siècle, aussi bien en France qu’à l’international.

   Meslier était curé à Étrépigny dans les Ardennes, un petit bled de campagne qui comptait à son époque entre 100 et 200 habitants. Très tôt incroyant, selon ses propres dires, il n’a jamais cru en ce qu’il professait à ses paroissiens durant sa carrière. Mais non content d’être un curé mécréant, il était aussi très critique de la société de son temps. Ses réflexions, il les a caché toute sa vie potentiellement par peur des persécutions1 et de l’incompréhension.

   Sa sensibilité, doublée à une haine farouche pour le monde dans lequel il vivait, l’ont tout de même poussé à coucher ses conceptions sur le papier, probablement vers la fin de sa vie. Ces écrits, dédiés à ses paroissiens, devaient être rendus publics après sa mort selon ses indications. Ils sont aussi destinés à un plus large public dans le but de dévoiler ce qu’il estimait être la vérité et d’aider à mettre un terme aux « erreurs » et aux « abus » de la société.

1) Pensée de Meslier et contenu du Testament

   Ce « testament » est une véritable attaque en règle contre la religion et les inégalités, son contenu est très radical pour l’époque. En effet, le royaume de France était alors une société féodale, avec un régime de monarchie absolue mise sous le patronage de Dieu, le catholicisme était omniprésent et le clergé quadrillait la société. Dans cet écrit, Meslier affirme un athéisme intégral. Il critique tout autant le christianisme que le concept même de divinité. Pour lui, christicoles et déicoles (c’est à dire adeptes du Christ et adeptes du concept de Dieu) sont à ranger à la même enseigne, leurs visions, compréhensions et explications du monde étant pareillement fausses.

    Partant d’un point de vue matérialiste, il estime que la matière, la nature, le temps et l’espace sont incréables et éternels. Ainsi, selon ses conceptions, la nature et la matière existent par elles mêmes, « par les seules loix naturelles du mouvement » (p.240) . Le monde n’étant que matière, et celle-ci ayant la capacité de se mouvoir par elle-même, le monde peut et doit être expliqué par lui-même. Contrairement à ce qu’affirme les religions révélées qui professent l’existence d’une puissance séparée, créatrice et ordonnatrice du monde.

   Dès lors, M. pense que la religion n’est qu’une création humaine et que celle-ci n’a qu’une origine sociale. Pour lui, sa genèse est à rechercher dans la légitimation du pouvoir et de l’exploitation, elle est créée et utilisée pour se faire craindre et respecter. Vision un tant soi peu réductrice puisque il n’envisage pas d’autres raisons qui justifieraient de l’existence des religions comme le besoin de connaissances et de compréhension du monde physique/naturel et humain par exemple.

   Cette origine très politique des croyances montre que sa critique de la religion se nourrit de sa haine de l’organisation de la société. On le voit très clairement lorsqu’il s’attache à dénoncer sévèrement les postulats et les effets de la morale chrétienne. Par rapport aux présupposés moraux du christianisme il estime premièrement que la répression des pensées, des désirs et de la sexualités, perçus comme des vices, est une erreur. Deuxièmement, il pense que la vertu dans la souffrance, principe essentiel de la religion chrétienne et catholique, est contraire à la nature. Pour le curé Meslier, le pardon des injures et des exactions permet le maintien des sociétés inégalitaires. Aimer et pardonner à ses ennemis ne permet que la conservation du monde tel qu’il fonctionne. Avoir mis en lumière cet aspect de la morale chrétienne et en faire son erreur principale fait de lui un véritable précurseur dans la critique radicale de la religion selon Dommanget.

   Dès lors, puisque religion et oppression sociale vont de concert, Meslier estime qu’il faut renverser cet état de fait pour établir un nouveau système. Considérant que les hommes sont égaux par nature il s’oppose à la volonté de domination, origine selon lui de « tous les maux qui troublent la société humaine et qui rendent les hommes malheureux dans la vie » (p.276).

Dès lors, il estime que la tyrannie politique et matérielle est liée à la tyrannie spirituelle, que les plus rusés profitent des plus faibles et des moins intelligents. De même, il critique l’inégalité des biens qu’il considère liée à l’inégalité des conditions. Sa critique reste très « morale », il définit les riches comme étant souvent les plus méchants et les plus indignes. Quant à l’inégalité sociale, elle participe à la création de vices et de méchanceté chez les humains.

    Bien que sa critique soit très morale, Dommanget estime aussi que J.M. a une certaine vision des intérêts sociaux antagonistes. De fait, le curé oppose les grands et les riches contre ceux qu’il appelle les « pauvres peuples ». Il base aussi la séparation entre les êtres humains sur la possession et la richesse en même temps que sur le commandement et la sujétion. Ainsi, cette grille de lecture lui permet de considérer que les puissants tirent leur force et leur richesse du travail et du service des peuples. Idem, ce présupposé l’amène à penser que les prêtres, mêmes pauvres, sont des « abuseurs de peuples » au service des grands puisque, comme dit plus haut, ils prêchent une morale qui va l’encontre des intérêts « populaires ». Le prêtre a donc une perception du rôle d’agent et de relais du pouvoir que peuvent jouer différents acteurs sociaux. Il étend d’ailleurs cette critique aux « gens de justice ou d’impôts ».

    Pour mettre fin à cet état des choses, Meslier préconise l’union contre les grands dans tout le royaume. Ses solutions sont multiples même si il ne développe pas leurs mise en application pratique . Par exemple, il souhaite la diffusion des idéaux basés sur l’idée de raison pour aider à une prise de conscience. Il préconise aussi le refus du travail et d’obéissance vis à vis des grands, des religieux et de leurs agents. De même, il ne semble pas refuser les solutions violentes, son écrit étant lui même teinté d’une certaine violence verbale. Dès lors, il multiplie les appels à la violence et notamment au tyrannicide. La monarchie absolue sous laquelle il a vécu étant caractéristique d’une société inégalitaire avec une forte concentration des pouvoirs dans la personne du roi, on mesure mieux alors la portée que pouvait avoir cette pratique tant au niveau « symbolique » que pratique.

   Mais par quoi remplacer la société que M. veut mettre à bas? Que préconise t-il à la place? Très critique de la propriété individuelle, il conseille aux êtres humains de :

« tout mettre en commun dans chaque paroisse pour jouir tous en commun des biens de la terre et des fruits de [leurs] travaux. »(p.319)

   Partisan d’un égalitarisme radical, il souhaite l’égalité dans la répartition des subsistances, des logements et des vêtements, une éducation commune pour les enfants qui doivent toutes et tous être pris en charge moralement et matériellement par la communauté. En outre, dans son projet, tout le monde travaille selon ses aptitudes et ses besoins avec tout de même une certaine hiérarchie dans l’organisation.

   Par ailleurs, il ne se prononce pas sur les difficultés d’un tel mode de production ou sur la question de l’esclavage ou de l’oppression des femmes. Nous savons juste qu’il se déclare pour le maintien de la famille privée. Famille qu’il conditionne et associe à la liberté d’union et de séparation entre les personnes. Vaste programme donc.

2) Intérêts et « faiblesses » du bouquin

   Nombreux sont les mérites de ce bouquin bien fourni. Tout d’abord, on ne peut qu’apprécier le fait de faire connaître ce penseur assez méconnu de l’histoire politique, philosophique et sociale qu’était Jean Meslier. Par ailleurs, et cela bien que l’ouvrage soit déjà un peu daté, l’auteur nous livre ici un certain travail d’érudition. Tant sur les travaux ayant eu trait à J.M, sur les courants de pensée philosophiques du temps, ses sources politiques et intellectuelles que sur son influence et le « parcours » de son Testament, les informations et sources rapportées ne manquent pas.

   À travers ce travail, l’auteur montre que, tant sur le plan philosophique qu’au niveau de la critique sociale qui commence à se développer au XVIIIe siècle, l’influence de M. est restée limitée et n’a pas forcément été déterminante.. En effet, selon Dommanget, la pensée du curé fut certes connue et diffusée par Voltaire mais de manière abrégée et largement remaniée2. De même, si pour l’auteur, il est probable que, philosophiquement, elle influença directement des matérialistes comme d’Holbach et indirectement le marquis de Sade , sa critique sociale resta largement méconnue, notamment lors de la révolution française. Ce n’est qu’après l’édition complète du Testament en 1864 par Rudolf Charles que le prêtre commença à être reconnu pour ses idées sociales par exemple dans les milieux socialistes de la fin du XIXe. Puis, son pic de célébrité est atteint en URSS à partir des années 50 où l’historiographie soviétique exagéra largement le rôle et l’influence de ses conceptions, étant placé parfois sur le même plan qu’un Descartes par exemple…Là est tout le paradoxe de Meslier, c’est un précurseur mais un précurseur isolé et relativement peu connu.

   Une autre qualité du bouquin est de nous montrer l’aspect novateur de la pensée de J.M. En effet, contrairement aux autres réformateurs sociaux de son temps comme Mably ou Morelly, le curé pousse très loin sa critique de la société. Certes son influence fut somme toute faible. Mais, son matérialisme athée, son projet radical de mise en commun de ce qu’on pourrait appeler les moyens de production, le placent tout de même parmi les « ancêtres » des pensées socialistes, communistes et anarchistes qui fleurissent au XIXe et Xxe siècles suivants.

   Malgré tout, et c’est un des mérites du bouquin de le rappeler, bien que M. soit isolé, que ses sources intellectuelles soient «limitées» par rapport à d’autres penseurs de son temps, son œuvre s’inscrit également dans un mouvement «global» : la pensée critique dites des Lumières alors en plein essor entre le XVIIe et le XVIIIe siècle en Europe. . Cette philosophie universaliste, basant ses idéaux et ses systèmes d’interprétation du monde notamment sur la raison, sert alors de matrice à nombre de critiques politiques, sociales et scientifiques vis à vis de la société d’Ancien-Régime.

   Pour ce qui est des « manquements » du bouquin maintenant. Le principal reste la grille analytique et politique de l’auteur Maurice Dommanget, auteur de tradition syndicaliste et marxiste. Tout d’abord, on voit que cette grille de lecture peut produire parfois certains anachronismes notamment quand l’auteur qualifie la pensée du curé de « socialisme ». On voit également cela dans le titre même Le curé Meslier : Athée communiste et révolutionnaire sous Louis XIV quelque peu « exagéré ». De même, dans la partie sur les idées politiques et sociales du prêtre athée, on a des fois l’impression que l’auteur analyse ces écrits via ses propres conceptions marxistes pour ensuite voir si J.M. coche les cases de ces présupposés idéologiques en tant que plus ou moins précurseur des dites idéologies.

   La question se pose. Est-ce que cette grille de lecture permet une analyse pertinente de l’œuvre en question? Oui et non. Certes, elle permet à l’auteur de se pencher sur le côté subversif, radical , social et disons « proto-communiste » et/ou « proto-anarchiste » de l’œuvre de Meslier mais elle induit aussi certaines limites. La principale étant qu’utiliser sa vision du monde pour idéologiser une pensée, alors que celle-ci préexiste à ces cadres d’interprétation, cela n’a pas forcément de sens. Ce genre de processus peut parfois flouter la compréhension ou le sens d’une pensée. Par exemple, la pensée du curé, ne peut pas être qualifiée de socialisme utopique ou « scientifique » comme il est parfois fait puisque, puisque elle a préexisté à ces concepts théorisés au XIXe siècle. Concepts par ailleurs déjà potentiellement « foireux » et éminemment idéologiques lorsqu’ils ont été théorisés pour interpréter le réel de leur temps…

   Après cet « écueil » reste toute de même à relativiser. Comme dit plus haut, le taf de l’auteur a l’air assez sérieux et complet. De plus, il n’est pas tout le temps là dedans. Parfois, il se contredit et pose le fait que certaines catégories de pensée socialistes ne sont pas conceptualisées par Meslier.

   Pour revenir aux qualités du bouquin, on peut évoquer rapidement le cas personnel du prêtre renégat. Son histoire, quoique étrange voire limite tragique, est tout de même assez marrante. En effet, un curé athée, on s’y attend pas trop… Potentiellement dégoûté par sa condition et cette situation, tout autant que par la société qui l’entoure, il s’est bien vengé en crachant sur elles du fond de sa tombe. On imagine l’embarras de ces collègues curés à qui il a laissé les lettres précisant l’existence de ses écrits et son reniement de la foi chrétienne. Un reniement de longue date si ce n’est d’une vie… Un prêtre renégat qui prêche durant toute sa vie et prodigue toute une série d’actes sacrés tels que baptêmes, messes et autres sacrements cela fait quand même un peu tâche!

    Cependant, le cheminement politique et intellectuel de Meslier est tout de même assez compréhensible. Dommanget le montre habilement lorsqu’il analyse les conditions sociales qui ont pu influencé la pensée du prêtre. Déjà, celui-ci avait beau être curé, il l’était probablement davantage par convention sociale/obligation familiale que par un primo-sentiment de foi et de dévotion. De même, M. évoluait en milieu rural et, à défaut d’être aussi pauvre que les paysans qui l’entouraient, il était de modeste condition. Il habitait un pays souvent en proie aux rapines et aux destructions durant les guerres du roi soleil.

   De plus, il paraissait doué d’une sensibilité assez haute. On sait par exemple son dégoût et son mépris pour la violence envers les animaux dont il estimait qu’ils restaient, bien que différents des humains, des êtres sensibles3. Dès lors, pas si étonnant que J.M souhaitait en finir avec sa société féodale et absolutiste horrible, il était aux premières loges pour en constater toute la violence et la « médiocrité »…

   Il n’empêche que sa critique reste sans concessions et d’une radicalité impressionnante pour l’époque. L’existence et l’œuvre de ce curé apostat montrent que le combat pour l’émancipation ne date pas d’hier, que nos luttes, nos idées et nos valeurs ne sortent pas de nulle part. Que hier, comme aujourd’hui, il s’agit de démystifier le fonctionnement du monde, de réfléchir et d’agir pour tendre à être réellement maîtres de nos vies.

Notes

1 En 1757, un édit royal était encore établi pour condamner à mort tous les auteurs, imprimeurs et colporteurs de livres tendant à attaquer la religion.

2 Voltaire a eu connaissance des écrits de Meslier qui circulaient alors clandestinement entre quelques mains. Il en a édité une version abrégée et largement remaniée. En effet, Voltaire ayant jugé l’ouvrage trop radical dans ses conceptions sociales et trop athée a donné une teinte déiste aux écrits de Meslier, mettant l’accent surtout sur les aspects anticléricales du Testament.

3 A cette époque les animaux sont envisagés surtout comme des objets. Pour Descartes par exemple les animaux n’ont ni âme ni raison, ce sont des sortes de machines. Les choses n’ont pas réellement changer dans la perception du vivant, actuellement perçu surtout comme une marchandise.

RELAX’ TAMPAX ! Récit d’un procès qui n’a (presque) pas eu lieu

I-Il était un 8 mars dans l’Ouest…
Le 8 mars 2023 à Brest, se tenait une journée de mobilisation internationale pour le droit des femmes et des minorités de genre, en plein mouvement social contre la réforme des retraites. Elle fut marquée par une action d’autoréduction dans une supérette Carrefour, décidée par l’AG des luttes Brest. A la fin de la manifestation syndicale des dizaines de camarades s’emparèrent de toutes les protections hygiéniques possibles pour les redistribuer gratuitement par la suite. Les flics, échauffés par leurs échecs répétés à tenter d’empêcher les blocages économiques de la veille et plus tôt dans l’après midi, voulurent siffler la fin de la récréation pour les manifestants les plus déterminés et créatifs. Ils chargèrent, dans la pagaille et la confusion, un cortège d’une centaine de personnes faisant route pour la fac, tels des cow-boys du Far West interpellant 5 personnes au hasard et ramassant au passage les protections périodiques qu’ils pouvaient bien trouver.
 
Les 5 interpellé.e.s, tout au long de la garde-a-vue, demeurèrent solidaires les un.e.s avec les autres en disant tous s’appeler Camille Dupont. Il.elle.s refusèrent de donner leurs empreintes ADN et palmaires, de même ils exercèrent leur droit au silence lors des auditions, à l’exception de l’un.e d’entre elles.eux qui n’avait malheureusement alors pas connaissance de ses droits.
Une heure après les interpellations, suite à une intervention à la sono, une bonne partie de la seconde manifestation féministe de la journée s’avéra solidaire des arrêté.e.s. La manifestation composa alors un cortège de plusieurs centaines de personne venant mettre la pression au commissariat aux cris de « Libérez nos camarades ! ». Après un long face à face, le rassemblement sera finalement dispersé dans les gaz. Cette solidarité directe et active obligea tous les policiers en poste au comico à sortir en ligne pour contenir la foule, rendant difficile la rédaction de PV d’interpellations et de contexte, ce qui se révélera des plus intéressants pour la suite de notre histoire…
24 heures plus tard , 4 des camarades, finalement identifié.e.s par les condés, ressortirent de GaV muni.e.s d’une convocation à paraître au tribunal pour vol en réunion avec visages dissimulés et refus de prise d’empreintes ADN. Une des personnes réussit à sortir sous X et échappa donc aux poursuites.
II- Relax’ y’a Ressac…
Déterminé.e.s à combattre la judiciarisation des pratiques politiques du mouvement, les inculpé.e.s et leurs camarades décidèrent de prendre en main collectivement l’affaire. L’essentiel des éléments retenus à charge était des images de vidéos surveillances 4K de l’intérieur du magasin. Lors de l’action les policiers crurent voir des ressemblances entre les vêtements que portaient des camarades remplissant des paniers de serviettes hygiéniques et les sapes qu’auraient eu les inculpés lors de la garde-à-vue, allant jusqu’à relever des tâches prétendument identiques sur un pantalon. Un simple parapluie devant la caméra aurait probablement évité de longues heures de travail absurdes à s’esquinter les yeux sur la pigmentation des fringues. Ce travail n’avait pour but que de produire des des identification plus que contestables ;  les flics persistaient ainsi dans leur production de matière judiciaire qui ne servait qu’à justifier leurs arrestations après coup. Après une lecture assidue et collective de leur dossier pénal, ne se reconnaissant pas sur les vidéos, pas plus qu’ils ne reconnaissent les faits qui leur étaient reprochés, les inculpé.e.s demandent à l’avocat qu’ils avaient saisi de soulever des nullités dans la procédure (on explique plus bas ce que c’est). En effet de nombreuses pièces manquaient dans leur dossier. Suite aux échanges qui ont eu lieu entre les inculpé.e.s et l’avocat, ce dernier approuva les lignes de défense pensées en collectif.
III-Le procès le plus rapide de l’Ouest
Le jour du procès, une soixantaine de camarades présent.e.s dans la salle d’audience étaient venu.e.s apporter leur soutien aux 4 prévenu.e.s à la barre , refusant qu’on transforme leur lutte collective en une affaire judiciaire par définition dépolitisée et individualisée. L’avocat des prévenu.e.s plaida donc qu’en l’absence de :
1) PV de contexte (procès verbal décrivant le cadre général des événements menant à leur interpellation)
2) PV d’interpellation (procès verbal justifiant pourquoi et expliquant comment le policier arrête un suspect) 
3) PV d’audition des agents interpellateurs (interrogatoire par un OPJ des policiers ayant arrêté les inculpés)
Il était impossible de savoir pour quels motifs et à partir de quels indices (descriptions physiques, comportements suspects…) les camarades avaient été arrêté.e.s ! S’appuyant sur une jurisprudence datée de mars 2023 à propos d’une affaire similaire lors du mouvement des gilets jaunes, l’avocat réclama donc la nullité de toute la procédure, les interpellations étant irrecevables.
Le procureur prit ensuite la parole, qualifiant le travail des policiers de « déplorable » et la jurisprudence soulevée par l’avocat de « très solide », battant ainsi en retraite sans même chercher à livrer combat.
La parole ira alors à la partie civile, c’est à dire au gérant du carrefour, qui geignit d’avoir perdu « 1400 balles de sa poche », la somme évidemment gonflée de ce qu’il aurait aimé pouvoir se faire sur le dos des précaires ayant besoin de protections hygiéniques (qui est un bien de première nécessité) et qu’à défaut il espérait soutirer aux maigres finances de nos camarades. 
Après à peine un quart d’heure de délibérés, le juge décide donc en toute logique d’annuler toute la procédure à l’encontre de nos camarades (sous x ou non) qui peuvent donc repartir libres, entouré de leurs proches et bien décidés à repartir pour de nouvelles aventures, le tout dans une explosion de joie collective et communicative.
IV-La morale de l’histoire ?
-La solidarité du mouvement tout au long de la procédure est ce qui a permis la déroute policière une fois au tribunal. La solidarité des interpellés en GaV qui se motivent et se soutiennent les uns les autres à ne rien déclarer, les manifestantes qui viennent mettre le commissariat sous pression pendant des heures, les lectures collectives de dossier, les rendez-vous à plusieurs avec l’avocat… On part tous ensemble lutter dans la rue et on repart tous ensemble du tribunal.
-Rien n’est jamais perdu d’avance, même avec de la vidéosurveillance qui produit des images d’excellente qualité. Ce, d’autant plus si on a des fringues unies pour tout les manifestants et des parapluies pour se protéger des caméras.
On a tout a gagner à prendre ensemble en main son dossier, plutôt que de tout déléguer aux professionnels de la justice.
Notre force ne peut être que collective !
Relax y’a ressac !

Menstruations, répression, rébellion!

Tou.te.s ensembles pour soutenir les quatre du 8 mars.
Le 8 mars dernier, journée internationale des droit des femmes, se tenait comme chaque année à cette date des manifestations pour les droits des femmes et des minorités de genre. Cette année cependant celles-ci furent marquées par leur inscriptions dans la séquence du mouvement contre la réforme des retraites qui battait son plein depuis déjà près de deux mois.                                  
C’est pourquoi, à Brest le 8 mars 2022, en plus de la manifestation du soir à l’initiative de différents collectifs féministes, un autre rendez-vous avait été fixé dans l’après-midi à l’appel de certains syndicats.         
        
Dans ce contexte de lutte contre le recul d’un droit social et de l’appauvrissement généralisé de la population lié à une inflation record, l’AG des luttes de Brest avait décidé de mener lors de cette journée une action contre la précarité menstruelle. A la suite de la manifestation syndicale, un cortège de plus d’une centaine de personnes se dirigea vers un supermarché du centre-ville. Plusieurs dizaines de manifestants entrèrent afin de récupérer toutes les protections menstruelles disponibles et les  redistribuer plus tard gratuitement. L’action se déroula sans  incident, mais lors du retour vers la faculté de Segalen la police intervint et 5 personnes, prises au hasard dans la charge furent arrêtées puis placées en garde-à-vue.                 
Solidaires en garde-à vue, tou.te.s décidèrent dans un premier temps de déclarer un nom collectif – Camille Dupont – mais également de faire usage de  leur droit au silence. Bien qu’elle parvienne finalement à identifier quatre d’entre eux, la police n’aura  en tout et pour tout à la fin de la procédure que trois lignes de déclarations à se mettre sous la dent pour essayer de confondre les personnes interpellées. Malgré la faiblesse des preuves dont disposaient les forces de l’ordre, les cinq à leur sortie furent convoquées au tribunal : quatre pour des faits de vols en réunion en étant  masquées et refus de prises d’ADN et d’empreintes, une pour recel. La police n’ayant pas réussi à identifier une des personnes tenant le nom collectif, cette dernière échappera à la justice.  Reste quatre camarades convoqués le 25 septembre à 13h30 au Tribunal de Brest.         
A cette action nous étions des dizaines, rassemblés avec la volonté de dénoncer le coût des protections  périodiques – reconnues officiellement depuis 2016 comme bien de première nécessité – et d’agir directement sur nos conditions de vies. Pourtant, le 25 septembre, seul.e.s 4 inculpé.e.s comparaîtront devant la Justice afin de répondre de cette action. Le tribunal essaiera immanquablement de faire passer cet acte pour un simple vol refusant par là toute portée politique à ce geste, mais c’est bien à une des pratiques du mouvement social qu’il s’attaquera en essayant de condamner nos camarades, tout comme elle le fait en poursuivant en ce moment même des centaines de militant.e.s syndicaux de l’énergie pour leurs actions dans le mouvement social contre les retraites.
Depuis une dizaine d’année les autoréductions, reprises de marchandises, gratuitisation de la propriété privé réapparaissent régulièrement comme moyen d’action dans les luttes, et à n’en pas douter dans une situation où prolétaires, travailleurs.ses, étudiant.e.s et galérien.ne.s sont toujours plus pauvres, cela n’est pas prêt de cesser.         
Alors venons soutenir les camarades le 25, venons montrer à  la justice qu’iels ne sont pas seul.e.s, que nous sommes prêt à défendre nos pratiques de luttes et que d’autoréduc en manifestation, de blocage en piquet de grève, nous obtiendrons cette vie moins chère sans attendre leurs miettes.
Ressac

Leurs guerres, Nos morts! Communiqué par rapport au conflit israélo-paslestinien

 

Communiqué de la Coordination Autonome de Brest au sujet du conflit israélo-palestinien et de la situation en Israël-Palestine écrit suite à l’offensive menée par le Hamas le 7 octobre 2023

 

La situation actuelle en Palestine-Israël nous dégoûte profondément. Nous sommes dégoûtés par la colonisation de plus en plus agressive du régime israélien qui parque, exploite, tue et humilie d’autres êtres humains.

– par le nationalisme israélien actuellement au pouvoir, qui justifie et fait la promotion de la politique terroriste, raciste et belliqueuse actuellement menée.

– par ses soutiens ici et partout dans le monde qui justifient cette action car cela correspond à leurs visions nationalistes, à leur grille de lecture identitaire ou à leurs projets impérialistes et économiques.

– par l’action militaire et terroriste du régime israélien, mise en place suite à l’offensive elle aussi a dimension terroriste menée par le Hamas. Cette action touche principalement des populations civiles qu’il a parqué et déshumanisé au fur et à mesure de sa politique d’expansion. Des populations qu’il n’hésite pas à massacrer et affamer.

– par les souffrances et le désespoir des populations de Palestine qui sont le fruit de cette politique réactionnaire et dégueulasse.

Mais nous sommes aussi dégoûtés par la politique du Hamas et autres islamistes, par leur projet politique d’établissement d’une société islamique en Palestine-Israël tout aussi réactionnaire que le suprémacisme religieux du gouvernement israélien actuel.

– par leur soutiens comme l’état iranien, bons qu’à réprimer celles et ceux qui souhaitent se libérer de la tutelle religieuse et patriarcale qu’on leur impose.

– par le fait qu’ils utilisent et se nourrissent des souffrances et du désespoir à Gaza et ailleurs. Et cela bien que cette souffrance et ce désespoir des populations nous le comprenions. Du moins, nous essayons de le comprendre à défaut de le ressentir dans notre quotidien…

De même, bien que nous comprenions la volonté de combattre le racisme et le colonialisme par la violence ou d’autres moyens, nous sommes écœurés par la stratégie de guerre nationaliste et religieuse des islamistes en Palestine qui vise à étendre et intensifier le conflit. Ce genre d’objectif réactionnaire ne sert jamais les intérêts des populations mais favorisent ceux des différents pouvoirs en place. Cette stratégie vise d’ailleurs probablement à ce que les répercussions sur la population, la désespèrent encore plus et la poussent dans leurs bras.

Nous sommes écœurés par leur fanatisme et leur idéologie morbide qui se nourrit du désespoir ambiant. Une idéologie qui n’envisage pas une libération et une émancipation effective des palestiniens mais un combat sacré dont la mort peut être l’ultime et glorieuse récompense…

Enfin, nous sommes écœurés par leurs pratiques de terreur à l’égard des civils. Jamais massacrer des gens qui font la teuf, exhiber et cracher sur des corps de femmes nus ne seront considérés par nous comme des actes de résistance.

Dans cette situation critique, nous souhaitons toujours l’émancipation des dépossédés, de Palestine, d’Israël et du monde entier. Nous affirmons plus que jamais la nécessité de luttes qui visent à détruire tous les états et les systèmes d’exploitation dont ils garantissent le fonctionnement. Ce qui réglera définitivement la question de la domination en Palestine, comme dans le reste du monde, c’est une révolution sociale qui vise à saper tous les fondements sur lesquels prospèrent les divers nationalismes, identitarismes et fanatismes belliqueux: une révolution communiste et antiautoritaire, qui vise à l’union entre les exploités de tous les pays.

On nous répondra que cette volonté n’est qu’un mot creux, d’autant plus dans le contexte actuel. Nous voyons déjà les partisans des arguments teintés de réalisme qui se parent de géopolitique, de rhétoriques anti-impérialistes ou bien simplement du contexte ancien et actuel de haine et de désespoir pour disqualifier cette position.

Nous leurs répondrons qu’à défaut d’être « réaliste » à court terme, la révolution est la seule option envisageable et désirable pour sortir de cette impasse. A long terme elle est donc la seule option viable et effectivement « réaliste ».

Et d’ailleurs de quel réalisme parle t-on ? Si le Hamas n’est pas suivi par les diverses bourgeoisies des états qui le soutiennent, il a peu de chances de gagner sur le plan militaire. Et quand bien même, si un embrasement et une extension du conflit se produisaient et aboutissaient à la disparition de l’état d’Israël, quel en serait le prix à payer ? Des milliers d’exploités et d’êtres humains massacrés de part et d’autre des deux « camps » ? Le gouvernement israélien semble en effet d’ores et déjà prêt à massacrer la population de Gaza. L’état de siège est déclaré, la population est déjà pilonnée…

Et au delà du potentiel prix à payer, quel en serait de toute manière l’intérêt ? Pour nous, les guerres des différents états et gouvernements ne sont jamais faites dans l’intérêt de leur population, à fortiori des exploités. Elles profitent toujours in fine à celles et ceux qui sont au pouvoir, et cela peu importe qui gagne à la fin…

Non, la seule disparition souhaitable de l’état d’Israël, c’est celle qui aboutirait par la volonté de détruire tous les états du monde et d’en finir avec tous les pouvoirs qui ne voient en nous que de la chair à canon. Et cette lutte, elle ne se fera pas contre les israéliens mais avec et pour les exploités israéliens comme ceux du monde entier.

On pourra aussi nous rétorquer qu’il est bien facile de porter ces positions de là où on est, nous qui ne vivons pas dans notre chair et notre esprit toute cette violence, toute cette déshumanisation. Et bien c’est peut-être justement quand on est dans ce genre de contexte qu’il faut parler. Quand on a une marge de manœuvre qui rend possible une prise de recul et une réflexion sur ce que l’on estime juste et désirable.

Quant à celles et ceux qui gardent des positions allant dans notre sens, alors qu’ils et elles sont touchés directement dans leur vie quotidienne par la politique colonisatrice du régime israélien, la réaction islamiste et la guerre, nous leur témoignons, pour ce que ça vaut, tout notre respect et notre admiration.

Car il n’y a pas si longtemps, des luttes qui allaient en ce sens existaient encore dans cette région du monde et laissaient entrevoir d’autres possibilités.

En 2023, toute une partie de la société israélienne manifestait encore un franc désaccord avec Netanyahou sur la réforme de la justice, les critiques émises étaient alors de plus en plus vives. En septembre dernier, on voyait même des lycéens en Israël qui refusaient de faire leur service militaire dans une armée d’occupation et condamnaient la politique d’extrême droite de Netanyahou.

En 2019, des palestiniens s’organisaient et descendaient dans la rue à Gaza pour protester contre la détérioration de leurs conditions de vie, manifs d’ailleurs réprimées par les forces du Hamas.

De même, fut un temps ou l’idée de libération de la Palestine, bien que ne faisant pas l’économie de la lutte armée, était portée par certains mouvements qui promouvaient un état unique laïc où chaque citoyen aurait les mêmes droits, peu importe sa religion et son origine. Bien qu’étatiste et social-démocrate, cette vision était pour nous porteuse d’un espoir plus grand que les perspectives d’une lutte à mort…

Encore une fois ce sont leurs guerres, nos morts !

Contre le colonialisme israélien et tous les colonialismes ! Contre la guerre israélo-palestinienne et toutes les guerres ! Contre tous les états et tous les impérialismes !

Soutien à toutes les personnes qui vont encore subir une guerre qu’elles n’ont pas choisi, qu’elles soient de Gaza, de Cisjordanie ou d’Israël !

Soutien aux opposants politiques israéliens et à toutes celles et ceux qui ne tomberont pas dans le piège de l’union nationale de part et d’autres !

Force à tous les combattants et combattantes pour l’émancipation sociale !

Coordination Autonome de Brest

Discussion sur le thème du travail le 8 Avril 2023

La discussion gravitera autours de trois questions :

  • Qu’est ce que la valeur morale du travail ? (Comment se matérialise-t-elle ? Quel impact a-t-elle ?)
  • Le travail se résume-t-il à un cadre capitaliste et au salariat ?
  • Le travail existe-il hors système marchand ?

Qui sommes nous ?

Depuis septembre 2017 nous avons décidé de nous rassembler sous la forme d’un collectif autonome. Celui-ci se base sur l’entraide ainsi que l’autodéfense face à ceux qui nous exploitent et nous dominent tous et toutes.
Pour nous « Autonome » signifie concrétement que nous nous organisons par nous-mêmes, à la base, sans médiation ni représentant-es. Qu’on est les mieux placé-es pour savoir ce qui est bon pour nous !
Le Collectif Entraide-Action de Brest a pour objet à la fois les actions directes collectives de défense et de pression envers les institutions, employeurs, propriétaires, etc… Il s’agit de pouvoir se rencontrer et de ne pas rester isolé face à la précarité qui nous touche toujours plus. Mais il s’agit aussi de trouver des conseils et des possibilités d’action pour nous permettre de renverser le rapport de force ou de débloquer des situations.
Nous vous invitons donc à nous rejoindre pour penser, construire, échanger ensemble des pratiques et des moyens de luttes efficaces, adaptés aux diférentes situations qui peuvent nous toucher tous-tes et chacun-e.
C’est du pouvoir sur nos vies dont il s’agit ! Ce pouvoir, la question est de s’atteler à le reprendre !Dans une société où nous sommes largement dépossédé-es, cela passe par se assembler, s’organiser à la base. Cela passe par l’affirmation et la construction de notre autonomie politique à tous-tes et chacun-e. Cela passe par la lutte !

Pourquoi organisons nous cette discussion ?
Dans une société de plus en plus individualiste, il nous semble urgent d’instaurer ds moments de discutions collectives. Pour échanger sur notre condition d’exploités et élaborer collectivement des sratégies pour mettre à bas ce système. Au-delà des stratégies de lutte nous voudrions aussi discuter de la société que nous essayons de bâtir.

Pourquoi avoir choisi comme thème le travail ?
Dans la société capitaliste dans laquelle nous vivons, le travail occupe une place centrale dans nos vies. Il est à la fois un moyen de subsistance et un marqueur social très important. Dans cette société, travailler signifie être respectable, c’est contribuer au bon fonctionnement de la société. Nous ne sommes pas d’accord avec ses idées et pensons qu’il est temps de redéfinir ce qu’est, et ce quee doit être le travail. C’est pour cela que nous proposons cette discussion.

Pour nous contacter : gastonlacaf-brest chez riseup.net

Prise de parole pour la Coordination Autonome de Brest

(Prise de parole faite en manifestation contre la réforme des retraites)

L’état et les patrons ont encore décidé de frapper un coût par la nouvelle réforme des retraites. Encore une fois ils s’agit de nous faire trimer davantage, d’étendre et d’intensifier notre exploitation.

En parallèle, tout augmente : la bouffe, l’élec et le gaz, les loyers, les transports. Partout, on se fait carotter, toujours au profit des mêmes. Les politiciens et les économistes nous disent que c’est la faute de la guerre en Ukraîne et avant de la pandémie. Nous nous disons que c’est la faute des bourges et de leur système : le capitalisme.

Des bourges qui n’en ont pas grand chose à foutre que des populations se massacrent et se fassent massacrer, qu’on galère de plus en plus à vivre dans des conditions un tant soi peu digne. En effet, cette guerre, comme toutes les autres, elle fait encore une fois le bonheur de certains tandis que d’autres en payent le prix fort!

Cette guerre, elle fait encore une fois le bonheur des états et leur permet d’augmenter leur pouvoir au détriment des populations. Des populations qui ne sont que main d’oeuvre ou soldats pour leur projets impérialistes et nationalistes. Cette guerre elle fait encore le bonheur des marchands d’armes qui font leur profit sur les massacres. Cette guerre elle fait le bonheur des bourges en général qui en profitent pour spéculer et augmenter les prix des produits de base et de l’énergie.

Durant la pandémie aussi, les bourges ont continué à accroître leur pouvoir et à se régaler alors que nous, les dépossédés, on subissait bon gré mal gré la gestion inégalitaire et autoritaire de l’état. Encore une fois ce ne sont pas les bourges qui ont subi le fait de rester chez eux, dans des logements exigus et pourris qu’on paye une blinde. Ce ne sont pas les bourges qui sont allés bosser au risque de dégrader encore plus leur santé. Ce ne sont pas les bourges qui ont fait tourner les hostos, dans des conditions de plus en plus précaires et permis aux gens d’être un tant soi peu soignés…

Et là, on nous dit que l’on doit bosser encore plus longtemps pour celles et ceux qui sont responsables de ces situations, pour celles et ceux qui vivent grâce à nous, celles et ceux qui nous exploitent et jouent avec nos vies ? Et bien qu’ils aillent se faire foutre !

Nous ne voulons pas bosser pour l’état ou les bourges que ce soit jusqu’à 64, 60 ou bien même 20 ans ! Non, nous voulons en finir avec leur système dégueulasse. Nous voulons nous réapproprier notre liberté et les moyens de régler nos vies, nous voulons nous réapproprier le pouvoir. Nous voulons exproprier celles et ceux qui nous exploitent et contrôler nous même ce que l’ont mange, ce que l’on construit, ce que l’on apprend, bref ce que l’on produit.

Nous voulons nous réaliser dans notre activité. Nous ne voulons pas bosser dans des tafs soit vidés de sens par leur but et leur organisation, soit inutile voire néfaste car directement tournés vers le profit et l’existence d’un état parasite. Un état bon qu’à nous contrôler, nous encadrer et nous enrôler pour faire tourner la grande machine de l’exploitation.

Pour arriver à ce but, nous voulons nous organiser au quotidien contre tout ce qui nous dépossède ! Dans le mouvement présent, nous appelons toutes celles et ceux qui, à la différence des partis et des syndicats, ne veulent pas seulement ramasser les miettes que nous concèdent les patrons, à s’organiser de manière autonome.

Organisons-nous à la base, par et pour nous mêmes sur nos lieux de tafs, dans nos quartiers, partout où l’on peut. N’attendons pas les syndicats pour mettre de la thune en commun, s’organiser et pour pouvoir se mettre en grève. Dégageons nous du temps et des espaces pour nous rencontrer. Brisons notre quotidien mortifère fait d’exploitation et de contrainte !

Organisons-nous partout pour notre autonomie, contre l’état et le capital !

Des retraites pour tous et pas de travail du tout !

Autonomie Vaincra ! Tout pouvoir à la base !

La réforme des retraites, la carotte de trop!

Alors que l’État et le capital ont déjà repoussé l’âge de la retraite à 62 ans (2010) et attaqué durement le chômage (Réforme de 2019), le gouvernement Macron s’apprête à reculer la retraite jusqu’à 64 ans cette fois. Cette succession d’attaques sur le peu de liberté que nous lâche l’État et le patronat s’inscrit dans une même logique : nous empêcher de ne pas travailler. Autrement dit, attaquer les moments ou l’on peut survivre sans être directement salarié et exploité.

Les réformes libérales de ces trente dernières années nous rappellent aussi que les miettes que nous offrent le patronat par le biais de l’État ne sont que des soupapes et une variable que les patrons ajustent dès qu’ils peuvent. De plus, en renonçant au caractère révolutionnaire de la lutte, les syndicats ont négocié, péniblement, une exploitation plus légère, des « droits » que l’on doit aujourd’hui s’empresser de sauver pour les derniers CDI de la fonction publique et du privé.

Nous refusons de jouer le jeu du « sera-t-elle à 60 ou 64 ans cette retraite ? » car à dire vrai, nous ne voulons plus travailler pour les bourges, nous ne voulons pas être salarié ni exploité ! La cogestion est une stratégie qui nie la nécessité fondamentale d’un renversement du capital et de son avatar : l’État. Qui plus est, cette stratégie s’avère perdante puisqu’elle dépend du bon vouloir du patronat et de ses représentants.

Nous ne nions pas que nos droits ont été acquis aussi par le biais d’un rapport de force. Mais, ce dont les bourgeois avaient peur c’était de la Révolution. Ainsi, les syndicats et leurs chefs-négociards ont avant tout servi à empêcher la voie révolutionnaire de se développer et d’apparaître comme ce qu’elle est : la seule voie raisonnable ! En effet, l’octroi de droits a toujours une limite : le maintien du monopole de la bourgeoisie sur la politique et l’économie.

À cela il faut ajouter que beaucoup de jeunes travailleurs, chômeurs, sans papiers, qui arrivent au turbin, ne peuvent pas rêver plus qu’un minimum vieillesse … Ou au mieux d’une petite retraite de misère. En tout cas pour celles et ceux qui l’atteignent, car rappelons que les plus pauvres sont exposés à la mort avant d’atteindre la retraite ou immédiatement après elle ! Ce que nous voulons c’est être libre ! Finit les cadences qui épuisent les corps et les esprits, finit le travail au profit des marchands ou de l’État qui nous parasitent !

Toutefois, nous considérons que ce mouvement, comme ceux qui l’ont précédé et viendront après lui, permettront toujours des ouvertures et également de diffuser l’idée révolutionnaire de s’organiser par et pour nous-même dans tout les aspects de la vie. Une vie débarrassée du capital, de la marchandise, de l’État, de ses valets fonctionnaires administratifs, des flics. Et aussi des syndicats/partis qui parlent en notre nom et permettent aux bourges de calmer la grogne dès qu’elle s’attaque à leurs intérêts.

Ce que nous espérons de ce mouvement, c’est qu’il permette enfin d’ouvrir une brèche dans nos quotidiens. Brèche qui ne permettra qu’une intensification du mouvement. Quittons le travail dés le 31, et espérons, ne plus y retourner. Pour cela, il nous faut socialiser la grève, la sortir de la rengaine stérile « grève saute-mouton » et manifestations qui n’inquiètent plus que BFM et le Figaro (et quelques clients de la SNCF qui arrivent à payer les billets à 100 boules). Pour cela, il faut une grève qui dure, une grève dure, mais également une grève qui pointe plus que le problème des retraites. Une grève qui recrée une séparation entre les partisans du capital et ceux qui se refusent à négocier avec lui le poids de l’exploitation.

Cessons de nous lamenter sur les salaires de misère et la retraite retardée (voire avortée) et abolissons enfin la marchandise et le salariat. Nous ne voulons plus être de la main d’œuvre et nous ne voulons plus payer !

En plus , cette réforme s’accompagne d’un hold-up généralisé au profit de la bourgeoisie depuis le COVID : inflation, hausse des loyers, hausse des prix de l’électricité, hausse du prix des denrées alimentaires, hausse des prix de l’essence et des transports en commun. Marre du racket organisé ! Ras le bol de payer ! Et parce que nous savons que les prix ne sont que la matérialisation du pouvoir bourgeois, n’imposons plus des réformes à nos ennemis mais la gratuité ! En abolissant le trio dégueulasse État – marchandise – salariat, c’est la bourgeoisie, son pouvoir et toute cette société de classe pourrie que nous ferons disparaître !

Alors aujourd’hui, partout, il faut mettre de la thune en commun (ex : caisses de grève autonomes) pour se dégager du temps pour construire cette lutte qui vaut la peine d’être menée, et qui dépasse la simple question des retraites. Il faut s’organiser partout dans et hors des mouvements pour construire la riposte et rêver à nouveau d’une Révolution ! Nous ne sommes pas naïfs et savons que ce texte à lui seul ne permettra pas la constitution d’un camp potentiellement révolutionnaire … Mais, nous appelons toutes celles et ceux qui en ont assez de ramasser les miettes, à venir construire une dynamique pour reprendre le pouvoir sur nos vies et se libérer du travail.

Alors finalement si nous voulons voir ce mouvement éclater ce n’est pas pour la retraite à 60 ans mais contre le Capital et le travail pour enfin voir les bourges serrer un peu les fesses avant de disparaître ! Ensemble construisons notre autonomie !

Des retraites pour tous et Pas de Travail du tout !

Autonomie vaincra ! Tout pouvoir à la base et vive la Révolution !

Le Féminisme capitaliste n’existe pas!

Le féminisme représenté en grande majorité au XXIème siècle n’est qu’illusion. L’égalité, la vraie, ne peut exister qu’en dehors du capitalisme, qui ne se sert des femmes que comme des machines à produire toujours plus de mains-d’œuvre, toujours plus de travailleurs. Ce travail reproductif des femmes est instauré par et pour le capital, rentrant en opposition avec l’idée même de féminisme. D’ailleurs, au cours des sociétés pré-capitalistes, l’État n’utilisait les femmes qu’afin de produire toujours plus de soldats, toujours plus de guerriers (notons que dès lors où celles-ci en font moins, le droit à l’avortement est mis en danger).

De même, l’idée d’égalité prônée par le féminisme, ne peut exister dans ce modèle de société. Non, pouvoir aujourd’hui travailler et être une femme millionnaire, ne rend pas la société plus égalitaire. Le féminisme main-stream ne fait que flouter les inégalités de cette société, qui nous appâtent et nous donne l’illusion d’une société qui serait plus égalitaire, puisque qu’une femme, un homosexuel ou un noir peuvent êtres millionnaires. Qu’en est-il des autres ?

Les récupérations de ce mouvement sont de plus en plus nombreuses. Le féminisme-washing (tout comme le green-washing) ne nous pousse qu’à consommer plus. À travers une image, une publicité plus saine, plus égalitaire ils nous incitent un peu plus à consommer, à participer à leur jeu qui ne leur permettent que de se remplir les poches en nous appauvrissant encore et toujours plus. Rappelez-vous que derrière chaque produit que vous achetez se trouve un riche multimillionnaire, qui s’enrichit sur vos mal-êtres en exploitant et en écrasant tous les autres. C’est en s’alliant, toutes et tous ensemble que nous pourrons éteindre ce système.

Nous devons, femmes et hommes, nous émanciper de ces représentations, de ces modèles, de ce que le capital veut que nous soyons : des machines à reproduire des travailleurs pour les uns, des travailleurs et de la chair à canon pour les autres. Cette émancipation ne peut se faire sans les hommes, qui doivent s’émanciper et subvertir ces représentations par et pour eux-mêmes. Puisque le capitalisme ne nous propose que deux modèles d’individus, alors inventons-en des milliers pour les milliers d’individus que nous sommes.

N’oublions jamais que nos droits ne sont qu’un château de carte à l’échelle d’une histoire qui nous a trop souvent oubliées.

Soyons toujours vigilant.e.s.

Battons nous chaque jour pour nos droits, pour nos pouvoirs, pour l’égalité et pour l’autonomie

 

Embrouille à la CAF

Nous sommes le collectif autonome des précaires de Brest, nous nous organisons ensemble afin de lutter contre le capitalisme et les diverses formes de précarité qu’il nous impose.

Début Juin, une personne nous contacte, elle tient à nous alerter quant au fonctionnement déplorable de la CAF (mauvaise prise en charge des dossiers, locaux mal adaptés…) et surtout de leur incroyable capacité à décourager les allocataires par un flicage toujours plus inventif et des dossiers qui trainent.

En effet, depuis de nombreux mois le fils ainsi que la belle-fille de cette personne attendent en vain de recevoir leur prime d’activité… 3000 euros que la CAF leur doit et se permet de refuser de verser. Pourquoi ?

Une nouvelle pièce manque au dossier à chaque fois que les exigeances affichées sont remplies ! Une idée germe alors – face à l’isolement qui offre tout pouvoir aux gestionnaires de misère (pôle emploi, CAF…) – le collectif propose d’accompagner la mère de l’allocataire, qui a une procuration, pour mettre la pression à la CAF.

Le mercredi 19 juin, une vingtaine de personnes se retrouvent donc dans les locaux de la CAF. Deux objectifs : obtenir la prime d’activité du fils et de la belle fille de cette personne, ainsi que pointer les disfonctionnements de la CAF de façon plus générale.

La rencontre se déroule sans accros au départ, puis rapidement le vigile se montre vindicatif, nous ne cédons pas, restont groupés, un responsable vient enfin, nous lui expliquons la situation, il contrecare nos revendications et tente de gagner du temps. Il revient nous voir ensuite, pretextant cette fois que la dérogation n’est pas effective et qu’il faut que l’on revienne plus tard avec les papiers néccessaires, nous refusons de nous plier à ses exigeances, il nous fait à nouveau attendre, revient finalement avec les flics. Ils tentent de nous séparer et de prendre l’identité de la mère de l’allocataire, sans succès, nous repartons tous ensemble sans que la moindre identité n’ait été donné.

Le soir même, à notre grande surprise, nous recevons un appel, le dossier a été réglé après notre intervention. Conclusion : 3000 euros enfin versés ! Et apéro pour tout le monde !

* * *

Cet exemple nous montre que si nous voulons obtenir des gestionnaires de misère ce qu’ils nous doivent, il faut le réclamer tous ensembles ! Il faut que la peur change de camp, reprenons le pouvoir sur nos vies et ne soyons plus impuissants face à notre précarité.

Au delà de ça, si nous voulons nous défendre contre les réformes anti-pauvres et enfin repasser à l’offensive pour inverser le rapport de force face au capitalistes et à l’Etat complice, il faut nous organiser, apprendre à nous connaître et à prendre conscience ensemble de notre force.

Tract Santé Coronavirus

Construisons l’autonomie!

 

Avant le confinement, des feux s’allumaient déjà aux quatre coins du monde. La gestion capitaliste et étatique de la pandémie du Covid-19 n’a fait qu’exacerber nos colères et rendre toujours plus flagrante la dépossession de nos vies.

On nous promet un monde nouveau, mais nous savons parfaitement que nos conditions d’existence ne feront qu’empirer. Rien ne changera fondamentalement. Ce sera le monde d’avant, nous serons toujours sa main d’œuvre, les masques en plus. Nos vies seront toujours plus précaires, le travail et sa marchandise rempliront toujours plus notre quotidien et les flics seront toujours plus puissants. La violence des rapports de domination qui structurent notre vie quotidienne sera toujours plus criante.

Pourtant, la crise a vu éclore et se multiplier de nouvelles manières de résister et de s’organiser par nous-mêmes. Face à l’urgence, les pratiques de solidarité et d’entraide tendent à devenir une commune évidence. Aussi évidente que nous, soignant·e·s comme soigné·e·s, sommes dépossédé·e·s du pouvoir sur notre santé à toutes et tous. Aussi évidente que les hôpitaux ne fonctionneraient que mieux en l’absence de l’appareil bureaucratique et gestionnaire, de la rentabilité et la logique du profit qui les gouverne. Aussi évidente que celles et ceux qui travaillent dans le soin, le social, la grande distribution comme dans d’autres secteurs sont sacrifié·e·s sur l’autel de l’économie et d’une société qui ne nous appartient pas.

Finissons-en avec le capitalisme et l’État. Finissons-en avec les rapports de domination qui nous rendent étranger·ère·s à nos vies.

Organisons-nous!

Multiplions les collectifs, les assemblées et coordinations autonomes!

Construisons l’autonomie et son monde!

Contact: gastonlacaf-brest@riseup.net